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Reviewed by:
  • Le rayon rose. (La vie parallèle 3)
  • Catherine Parayre (bio)
André Roy, Le rayon rose. (La vie parallèle 3). Montréal, Les Herbes rouges, coll. Essai, 2006, 248 p., 24,95$

Ce qui suit est un compte rendu de comptes rendus. En effet, Le rayon rose est un recueil de brèves critiques (le plus souvent de quelques pages) de romans et de recueils de poèmes que l’auteur a publiées dans différentes revues lors des dix dernières années et qu’il s’est employé, explique-t-il, à refondre, afin d’en faire ressortir la complémentarité. Parmi la cinquantaine d’auteurs considérés figurent Caio Fernando Abreu, Vincent Borel, William S. Burroughs, René de Cecatty, Guillaume Dustan, Jean Genet, André Gide, Hervé Guibert, David Leavitt, Mathieu Lindon, Paul Chanel Malenfant, Thomas Mann, Patrick Mauriès, Rachid O., Pier Paolo Pasolini, Gerard Reve, Pierre Samson et François Sentein. Le point commun chez ces auteurs est l’écriture de l’homosexualité. Comme d’autres avant lui, Roy s’attache à tracer les contours de la littérature homosexuelle, produite exclusivement par des hommes et traitant de l’amour d’homme à homme, à ne pas confondre, d’après lui, avec la littérature « gay and lesbian » et « queer » (ces expressions sont laissées en anglais dans Le rayon rose). Cependant, point d’essentialisme dans cette perspective; Roy justifie adroitement son projet : « Par l’écriture, l’homosexualité n’est plus alors un objet mais un style, une série de thèmes traduisant cette expérience, c’est-à-dire la représentant, la transposant, la projetant dans une langue, que la mobilité des thèmes, des figures et des mythes agitera en tous sens ». Et encore : « J’ai voulu [. . .] montrer comment l’homosexualité pollinise le texte, se métamorphose, devient une allégorie pleine d’ambiguïté, d’ambivalence, de pièges et de masques ».

Ainsi l’essayiste a-t-il non seulement le souci permanent de mettre en relief dans la pratique littéraire une certaine sensibilité, nourrie des difficultés sociales et autres auxquelles sont confrontés les auteurs homosexuels, mais il argumente également que l’écriture homosexuelle est un mode d’expression qui crée, à partir de cette réalité, ses propres codes. En d’autres termes, les grands thèmes de l’homosexualité sont évoqués tout au long du livre : l’opprobre social au début du XXe siècle, la persécution dans la période nazie, la souffrance causée par le sida, mais aussi la quête identitaire ou, dans d’autres cas, l’affirmation sans détour de l’homosexualité, et, naturellement, le plaisir et la vie [End Page 594] sociale gaie. Mais, de manière plus importante encore, de nombreux comptes rendus de Roy identifient la part de vécu homosexuel reportée sur la fiction, y compris lorsque l’œuvre n’est pas de nature explicitement autobiographique, et suggèrent que, chez ces écrivains, c’est précisément l’homosexualité qui établit le lien entre le vécu et le fictif, l’auteur et le narrateur.

Chaque compte rendu brosse en traits vigoureux le portrait de l’auteur et fournit un bref aperçu de sa carrière, de même qu’il dégage en quelques lignes les aspects principaux de l’ouvrage examiné. Le ton est alerte et agréable. Le style est à la fois anecdotique et analytique. Les prises de positions politiques ne sont pas absentes et un petit air de contestation n’est pas sans ajouter de la saveur au tout. Dans une littérature ainsi définie, on ne sera guère surpris que les romans évoqués soient essentiellement des histoires d’amour, réussies ou vouées à l’échec, longues ou fugitives, menant (rarement) à l’épanouissement personnel ou (plus fréquemment) aux excès des passions. Comme le dit très bien Roy, il faut néanmoins chercher dans ces récits d’autres réseaux de signification : « Nous pourrions dire que l’inévitabilité de l’amour, de son éclosion comme de sa perte, n’est pas le résultat d’une...

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