In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Le récit de rêve. Fonctions, thémes et symboles
  • Catherine Parayre (bio)
Le récit de rêve. Fonctions, thèmes et symboles, s. la dir. de Christian Vandendorpe. Québec, Éditions Nota bene, 2005, 377 p., 26,95$

« Le récit de rêve [. . .] – littéraire, conventionnel – est fondé sur l’absence de quelque chose, alors même qu’il semble offrir quelque chose en plus, qui serait spécifiquement “onirique” », indique l’article introduisant les travaux inclus dans Le récit de rêve (Pierre Pachet). Ne rendant pas fidèlement compte du rêve tout en signalant sa richesse en symboles, le récit de rêve invite donc immanquablement à l’interprétation et c’est précisément à cet exercice que se livrent avec brio les contributions de chaque participant-e au volume. Les exemples sont tirés, entre autres, du Talmud, de divers textes médiévaux, des œuvres de René Descartes, Denis Diderot, Charles Nodier, Guy de Maupassant, Marcel Proust, Claude Cahun et les surréalistes, mais aussi de celles de Michel Butor, Annie Ernaux, Anne-Marie Garat et Ismail Kadaré, sans oublier le roman québécois.

Le rêve, véritable « télescopage de figures » (Vandendorpe), donne lieu dans ces pages à un décryptage fascinant qui tient compte notamment des conventions littéraires et des bases idéologiques dans chacune des œuvres examinées. La thèse de l’ouvrage consiste, en fait, à affirmer que le récit de rêve ne témoigne pas tant d’une liberté dans l’imagination que de la culture dans laquelle il s’insère. En particulier, la diversité des textes étudiés permet de dégager l’évolution du récit de rêve à travers les âges, d’autant plus que plusieurs articles prennent soin de situer le cadre sociohistorique d’une époque et le milieu intellectuel qui s’y développe. Par exemple, la littérature médiévale lit dans le récit de rêve les clés de la destinée, en particulier à l’aide des symboles, souvent animaliers, qu’il contient (voir l’article de Lepage), alors que, pour les philosophes des Lumières, il est une « aberration » (Ugo Dionne) et chez les [End Page 590] Romantiques, le symptôme de détresses émotionnelles (voir Conacher). Ou encore, dans les romans québécois du XIXe siècle, les rêves « prophétiques et initiatiques », fondés sur la Bible, l’histoire et diverses légendes, dévoilent en fin de compte « l’évolution des idéologies, des valeurs morales et des conceptions littéraires » (Nicole Bourbonnais).

Au delà des questions de contenu, une des réussites de l’ouvrage consiste, en outre, à exposer les stratégies textuelles mises en place pour mettre en relief la fonction du rêve dans le récit. Plus précisément, il ressort de l’ensemble des articles que le récit de rêve ajouté au récit principal a souvent pour rôle de procurer un commentaire, que celui-ci constitue un approfondissement ou une opposition aux situations évoquées. Ainsi différents articles examinent-ils la disposition du récit de rêve dans le texte, qu’il soit en « contrepoint » du reste du texte, comme c’est le cas chez les premiers romantiques, avec tous les effets qu’un semblable agencement comporte (Dionne), ou qu’il forme, notamment dans l’œuvre de Marcel Proust, « un microcosme de l’œuvre » (Michel Fournier) et un miroir dans lequel le narrateur « se transforme [. . .] en œuvre d’art ». Le récit de rêve est pareillement source de contrastes et « mine d’or pour l’écrivain réa-liste », par exemple chez Guy de Maupassant, car « le monde onirique » ouvre les perspectives de « l’invraisemblance » (Hans Färnlöf) dans des nouvelles soumises aux contraintes réalistes. De manière générale et bien qu’il ne s’agisse pas toujours d’argumenter que le compte rendu d’un rêve est plus révélateur de la structure que du contenu de l’ouvrage, comme c’est le cas chez Michel Butor (voir Daiana Manoury...

pdf

Share