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  • Monseigneur Rodhain et le Secours catholique. Une figure sociale de la charité
  • Axelle Brodiez
Luc Dubrulle. – Monseigneur Rodhain et le Secours catholique. Une figure sociale de la charité. Paris, Desclée de Brouwer, 2008, 633 pages.

Cet ouvrage est issu d’une thèse soutenue conjointement en histoire des religions et théologie et reprise, à quelques minimes modifications près, intégralement. Alors que l’histoire des associations caritatives reste un champ très peu défriché, il comble un réel manque en s’attelant à l’une des principales organisations françaises ; il en propose une périodisation nouvelle, fondée sur un examen pragmatique des faits mais aussi des réflexions plus analytiques et conceptuelles. L’auteur tente en outre d’articuler histoire d’un homme et d’une organisation à l’aide d’un concept nouveau, celui de la « figure sociale », laquelle « comprend les acteurs, leurs pratiques et leurs représentations, ainsi que l’image sociale de l’ensemble qu’ils forment [...]. Dans la figure, nous considérons à la fois l’acte singulier d’une personne et l’action d’un collectif » (p. 24–25). L’approche est chronologique, avec une partition en quatre chapitres.

Le premier examine « la genèse du Secours catholique » (1939–1946). En août 1939 est créé, dans le cadre de l’accueil des réfugiés espagnols et autrichiens, un premier Secours catholique destiné à oeuvrer pour les victimes de persécutions et de sinistres. L’organisation reste cependant mort-née avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, les oeuvres catholiques étant invitées à adhérer au Secours national. Durant le conflit, les autorités catholiques choisissent de centrer l’action sur les besoins spirituels et sacerdotaux des prisonniers ; une Aumônerie des prisonniers de guerre est alors confiée à Mgr Jean Rodhain (1900–1977). Ainsi, si « les catholiques ont certes agi au plan spirituel, [...] ils ont été [en France] particulièrement inefficaces au plan du secours temporel » (p. 51). Pour remédier à cette lacune, un Secours catholique international est créé à Toulouse en septembre 1944, doté d’une section française. Mais Rodhain, qui souhaite un vaste organisme de charité, crée parallèlement le Comité international de l’Aumônerie catholique, appuyé sur son Aumônerie existante et élargi d’une dimension internationale et d’une action temporelle de secours des déportés et réfugiés. Durant presque deux ans, deux organisations se font ainsi concurrence ; après intervention du Vatican et décision de l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, une fusion est imposée en mars 1946, donnant naissance à l’actuel Secours catholique français. Rodhain en devient le secrétaire général. Statutairement, l’association doit être « l’organe officiel chargé [End Page 126] de représenter l’Église en France dans de nombreuses missions de charité. Il s’agit de mettre en relief l’action charitable de l’Église ».

Le second chapitre analyse « le Secours catholique au service de la charité intégrale de l’Église » (1946–1950). Après un séjour d’étude sur la charité outre-Atlantique (1946), Rodhain multiplie les voyages à l’étranger pour faire connaître son organisme, développe les implantations en province et positionne le Secours catholique comme une organisation redistributrice et coordonnatrice des oeuvres existantes. Il lance chaque année une grande campagne : en faveur des malades en 1947, de la petite enfance en 1948, « des vieillards et des détresses cachées » en 1949, de l’enfance malheureuse en 1950, des sans-logis et mal-logés en 1951... L’objectif, participatif, repose sur la sensibilisation individuelle : chacun, quels que soient son âge et sa situation sociale, peut repérer des détresses locales, faire un don ou confectionner un objet. Partant du constat qu’« il y a des quantités de chômeurs de la charité, c’està- dire des gens capables de s’ouvrir à aider leur prochain mais pour lesquels il faut un déclic », Rodhain invente rien moins qu’une nouvelle « pédagogie de la charité » au service de la propagation de la foi. Progressivement, toutefois, l’organisation, conduite à répondre aux demandes individuelles...

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