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Book Reviews Loren Ringer. 'Saint Genet' Decanonized: The Ludic Body in 'Querelle'. New York: Rodopi, 2001. Pp. 199. Deux pour le prix d'un: l'expérience prouve qu'il convient de se méfier de ce genre de publicit é. L'ouvrage de Loren Ringer nous le rappelle encore une fois. Ses deux titres, juxtaposés l'un à l'autre, s'ils ont le mérite de décrire ce qu'ils recouvrent, montrent bien à quel point cette nouvelle étude de Jean Genet souffre d'un manque d'unité, de cohérence et de méthode. Certes le projet, né d'un sentiment de méfiance vis-à -vis du travail de Sartre et qui consistait à se mesurer à ce dernier, était ambitieux et plutôt intimidant. Ringer ne propose rien de moins que «to dismantle the Sartrean stranglehold on Genet's work». Bien que le critique réussisse à nous convaincre de l'influence considérable et souvent gênante du Saint Genet de Sartre (qu'il compare à «a sort of mammoth tombstone over Genet's œuvre») sur la plupart des commentateurs qui ont succ édé à Sartre, il ne parvient pas vraiment à réaliser son but qui consistait à établir «new critical inroads to Genet's work» sans passer par la case Sartre. Peine perdue donc. Du reste, le lecteur était prévenu d'avance: «my goal is to assemble a repertoire of critical reading positions and an interpretive grid that challenge those found in Saint Genet». Le tort de Ringer consiste justement à penser qu'un simple répertoire ou une grille d'interprétation peuvent servir d'argument critique. Les armes choisies nous paraissent d'autant plus dérisoires que le texte de Sartre-quoi qu'on en pense-auquel elles sont sensé s'attaquer brille de par sa cohérence, sa force d'argumentation et son érudition. Ringer éprouve tant de difficultés à s'en prendre à l'étude de Sartre qu'il ne cesse de reculer devant le moment où il lui faudra à son tour fournir sa propre analyse-contraire à celle de Sartre, puisque c'est bien là le but avoué-de l'œuvre de Genet. Cela se traduit par une longue litanie de références à d'autres écrivains homosexuels d'une part, puis aux grandes figures de la critique post-sartrienne, de l'autre, sans qu'on sache vraiment le but exact de ces longues digressions qui ne forment pas moins de deux chapitres. Ringer réserve, dans son étude, une place très large à la paraphrase (de Sartre, bien sûr, mais aussi de Freud, Deleuze et Guattari, Hocquenghem, Cixous, Derrida) au lieu d'incorporer ces critiques au sein de son propre commentaire. Enfin, à la page 115 de l'ouvrage, Ringer en arrive à sa propre analyse de Querelle. Il est cependant trop tard. Le lecteur est lassé par tant de détours, de faux-départs et de pirouettes: à ce titre les jeux de mots sur le nom de Genet («Je n'est», «gêner», «Je nais», «Jeune né») et le titre Querelle (querelle = «queue» + «Er», il en allemand + «elle» mais aussi «Quelle» et bien sûr «queer»!) sont affligeantes, d'autant que le travail de Ringer est loin d'être très rigoureux (fautes d'orthographe, erreur d'étymologie, traductions approximatives) et que son expression est des moins soignées («two possible outcomes are possible», nous soulignons). Il en ressort une impression de gâchis car le sujet ou la question principale (à quoi ressemblerait la lecture des romans de Genet si Saint Genet n'existait pas?) valaient-valent toujours-qu'on s'y attèle. Dans son introduction, Ringer revendique son appartenance aux études «queer»: «I engage both Gay and Lesbian studies and the more recent queer theory». Si c'est là la réponse des études «queer» au philosophe français, il faut bien croire que le Saint Genet de Sartre a encore de belles années devant lui. En fait, l'étude de Ringer incarne certains des travers qui dans les études «queer» peuvent parfois nous faire douter de la valeur de ces travaux: le goût pour la glose, le commentaire tendancieux, la démagogie, le refus de la nuance. À ce titre, dans ses...

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