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Book Reviews Philippe Ortel. La Littérature à l'ère de la photographie: Enquête sur une révolution invisible. Nîmes: Editions Jacqueline Chambón (collection «Rayon Photo»), 2002. Pp. 382. Pour cet examen des «effets littéraires» de la diffusion de la photographie, des limites sont fixées dans le temps. L'étude porte principalement sur la période allant du développement du médium (vers 1850) à l'invention du cinéma (1895), qui introduit un nouveau paradigme. Mais afin de dépasser un rapprochement exclusif avec le réalisme, elle ne se prive pas d'examiner la littérature des années 20 (qui relève d'une «esthétique préphotographique de la vue»), ni de consid érer Proust comme frontière. Trois difficultés se présentent au début de l'enquête, qui expliquent pourquoi, pendant longtemps, cette réflexion est restée marginale: dans cette comparaison , la photo cumule les handicaps d'un grave «déficit symbolique», de collaborations directes entre artistes assez rares, et d'une «thématique photographique» encore diffuse. Comment donc rendre compte de cette «révolution invisible», montrer que «les œuvres littéraires du XIXe siècle ont dû redéfinir leurs contenus et leurs règles sous la pression de la photographie»? C'est sous le double patronage des sciences de la communication et de la critique littéraire que Philippe Ortel s'attache à la notion de «modèle» comme fil conducteur d'une problématique très élaborée. La «transposition d'art» opère à trois niveaux, qui sont les trois composantes de tout acte de création, mais qui prennent une acuité nouvelle dans le cas d'un rapprochement entre l'écriture et un médium technologique. Tout d'abord le niveau de la scène d'énonciation, ou scène de l'artiste au travail, dont la représentation vise à rapprocher les pratiques du photographe et de l'écrivain. Deuxièmement le cadrage de la réalité qui en découle, chaque œuvre manifestant ainsi un «cadre de référence» dans lequel le moi et le monde définissent leurs présences dans l'œuvre. Finalement ce cadrage nécessite une compétence cognitive, une modélisation du regard conduisant , par la constitution d'un véritable «interprétant photographique», à voir les choses photographiquement (notion développée entre autres par une intéressante analyse du concept de «photogénie»). La complexité de ces étapes n'entrave en rien la clarté et l'efficacité des analyses qui suivent, leurs explorations successives recoupant celle d'une chronologie familière: le romantisme fait la part belle à la scène de création, le réalisme renouvelle les places du sujet et de l'objet, et la littérature des années 1880 plonge dans le psychisme humain, faisant de la chambre noire un interprétant courant. Un roman peut être qualifié de «chronophotographique» (allusion à ce procédé de décomposition du mouvement) ou de «en négatif» pour, au-delà du simple jeu métaphorique, montrer de façon convaincante que «l'allusion ponctuelle à la photographie dans le texte est généralement l'indice d'une réorganisation plus profonde du texte autour de valeurs qu'il partage, sans l'avouer, autour des nouvelles machines» (341). Une étude riche et indispensable sur une problématique toujours en mouvement, en ce début de siècle d'émergence de nouvelles images. Chloé Conant Université de Limoges Pierre Nora, dir. Rethinking France (Les Lieux de mémoire). Vol. 1, The State. Trans. Mary Trouille. Chicago and London: University of Chicago Press, 2001. Pp. xl + 483. This volume, one of four to be published under this title by the University of Chicago Press, marks the second stage in the translation of Les Lieux de mémoire, the massive collection of essays on the constitution of French national memory that Pierre Nora assembled between 1984 and 1992. Earlier, Columbia University Press put out three volumes under the title Realms of Vol. XLIII, No. 2 105 L'Esprit Créateur Memory, including 44 of the French collection's 127 selections. Rethinking France will contain translations of 45 more articles...

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