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Book Reviews Le Paysage, État des lieux, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 30 juin-7 juillet 1999, sous la direction de F. Chenet, M. Collot et B. Saint Girons. Bruxelles: Ousia, 2001. Pp. 543. 34 €. En s'interrogeant sur le rapport qui unit le paysage et le lieu, cet important recueil propose aussi un état des lieux de la réflexion paysagère, tant d'un point de vue théorique que pratique. L'approche pluridisciplinaire de cet objet par excellence interdisciplinaire qu'est le paysage s'imposait : des chercheurs et praticiens en urbanisme, paysagisme, géographie, histoire de l'art, litt ératures française et étrangères, philosophie apportent, ainsi, des contributions qui se répondent et s'éclairent mutuellement. Mieux, la simple présence d'articles abordant des conceptions à premi ère vue diamétralement opposées suscite de nouvelles questions chez le lecteur curieux: comment articuler, par exemple, le rôle des pierres calligraphiées dans l'élaboration du paysage chinois (Y. Escande) et la perception et la représentation du paysage alpestre à la fin des Lumières, celles-ci inséparables des idées de sublime d'une part et de cénesthésie d'autre part (C. Reichler)? La première partie de l'ouvrage-«De la question du lieu à l'état des lieux»—s'attache à définir des notions intimement liées mais qui ne sont pas pour autant équivalentes: lieu, site, jardin, contrée, paysage, espace sont repensés dans leur rapport avec la nature et, bien sûr, avec l'homme. Est ensuite proposé un séduisant parcours littéraire dans le temps et l'espace: à travers sa variété, il s'agit toujours d'explorer les «Sens et fonction du paysage littéraire». La vaste question du rapport des arts au paysage est également étudiée. La dernière partie de l'ouvrage s'oriente «Vers une philosophie du paysage». L'ensemble, d'une diversité revendiquée, démontre qu'appréhender le paysage, c'est se confronter à l'altérité radicale, qu'on l'appelle «Nature, Être, Cosmos ou Chaosmos». Cette «entité vivante», qui résonne en nous et nous émeut, est perçue par tous les sens: le caractère corporel et polysensoriel de l'expérience du paysage ne doit pas être méprisé (H. Raynal). Et dans la mesure où celle-ci entraîne une dimension reflexive, elle se révêle être «un fait anthropologique complet ». Représentation et construction du paysage, que l'on ne peut réduire, par ailleurs, à une mimesis, surgissent toujours dans un jeu de rapports. L'étude du paysage au cinéma, en littérature ou en peinture met en valeur, justement, cette insertion dans une structure, quand bien même la vitesse, le regard anonyme, la nuit, la mise en «image-mouvement» conduisent le paysage «au bord de l'évanouissement». Pour autant, il ne s'agit pas de le réduire à certaines de ses représentations , mais de comprendre qu'il est à la fois «leur source et leur effet». La critique de la théorie de l'artialisation (J. Dewitte), tout en relevant d'une part l'incapacité de cette dernière à expliquer l'invention de paysages, d'autre part l'impossibilité à utiliser mécaniquement la notion de «schemes» dans le domaine esthétique, s'insurge contre la dichotomie matière/forme, nature/culture , phénomène physique et psychique. «L'acte esthétique», tel que le théorise B. Saint Girons, avant tout aisthésis, met aussi l'accent sur la nécessité d'accueillir ce «lieu pensant» qu'est le paysage (notion que S. Meitinger emprunte à S. Garelli). Car, entre moi et l'Autre, il s'agit d'un engendrement réciproque qui permet de penser le monde: la «montée en puissance» du jardin (entendu dans le sens de paysage et d'aménagement du territoire par P. Nys), ces dernières années, témoigne d'une distinction et d'une mise «en ordre des différents ordres du monde». Quant à la «pensée paysage» (M. Collot) inspirée, comme de nombreuses autres réflexions, par la phénoménologie, elle propose, en fonctionnant sur...

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