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La «trilogie rurale» de Gerhard Köpf Hans Hartje PARLER DE RURALITÉ au sujet de la littérature de langue allemande ne saurait se concevoir sans deux réflexions préalables, portant d'une part sur l'histoire des pays de langue allemande et d'autre part sur la nature géographique de l'espace qu'ils forment. La «germanophonie» (expression forgée en analogie avec «francophonie ») englobe aujourd'hui essentiellement trois pays, l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. Or, jusqu'au milieu du XIXe siècle, les pays de langue allemande se comptaient encore par centaines, répartis sur un espace sensiblement équivalent à celui que les trois pays mentionnés occupent aujourd'hui. Si la dispersion politique était alors synonyme de diversité culturelle, la réunification allemande ne l'a pas pour autant fait disparaître. En témoigne encore à l'heure actuelle ce qu'on a pu appeler le «polycentrisme» allemand, où ni Berlin ni Vienne et encore moins Berne sont susceptibles d'écraser quelque ville moyenne que ce soit de leur prépondérance économique ou culturelle. (La façon dont on est en train d'ériger Berlin en nouvelle Capitale allemande ne présage rien de bien, mais personne ne peut savoir de quoi l'avenir sera fait.) Or qui dit polycentrisme, dit taille relativement restreinte des centres urbains, étant donné le nombre global d'habitants, et peu d'espaces ruraux entre ces centres, vu la répartition géographique assez étale de la population. Contrairement à la France par exemple, il n'existe donc pas en Allemagne (et, vu Ia petite taille de ces pays, pas plus en Autriche ou en Suisse) de contrées qu'il conviendrait d'opposer à l'espace urbain en vertu de leur seule nature rurale. Cela dit, le phénomène d'un regain d'intérêt pour des formes de vie échappant à la tendance unificatrice et éphémérisante de la vie moderne s'observe en Allemagne tout comme dans les autres pays dits «civilisés». Seulement , en l'absence d'espace disponible (et intact) où l'on pourrait retrouver certaines valeurs telles qu'elles caractériseraient la vie à la campagne, la tendance (qu'on dit «Trend» en néo-Allemand) est effectivement à la nostalgie (retour en arrière dans le temps) ou à l'exotisme (fuite en avant vers un ailleurs). La première a conduit une partie importante de la jeune génération vers le vote écologiste (mais il y a également le vote—protestataire? amnésique?— pour les anciens communistes en ex-RDA ou pour les néofascistes en Autriche), tandis que le second alimente le flot ininterrompu des touristes germanophones tels qu'on les rencontre aux quatre coins du monde, Vol. XLII, No. 2 53 L'Esprit Créateur aux Antipodes comme en Toscane, si ce n'est—massivement—dans ces «colonies de vacances» que sont Majorque ou Ibiza. Voilà me semble-t-il ce qu'il convient de garder présent à l'esprit quand on s'intéresse à la place faite à la ruralité dans la prose allemande de ces dernières années Gerhard Köpf—L'écrivain allemand Gerhard Köpfest né en 1948 à Pfronten dans l'Allgäu, région située à cheval sur le Bade-Wurtemberg et la Bavi- ère, à l'extrême Sud de l'Allemagne fédérale, entre le lac de Constance et Munich, le long de la frontière autrichienne. Après des études de Lettres achevées par une dièse sur Arthur Schnitzler (Munich: Salzer, 1976), Köpf enseigne depuis 1984 la littérature contemporaine et appliquée (sic) à l'Universit é de Duisburg. Au début des années 1980 Köpf a commencé à publier de brefs textes en prose dans des revues littéraires, avant d'obtenir en 1983 avec un extrait d' Innerfern le prestigieux «Prix du jury» à l'occasion du «Concours Ingeborg Bachmann» de Klagenfurt. Innerfern, qui a paru en 1983, ne constituait initialement qu'un chapitre d'un roman intitulé Die Strecke [La Voie] que Köpf publiera en 1985. Les deux romans ainsi que leurs personnages principaux réapparaissent ensuite dans Die Erbengemeinschaft [La Communauté des héritiers], vaste...

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