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Ancienne et Nouvelle guerre d'Algérie chez Rachid Mimouni Najib Redouane NOMBREUX SONT LES ÉCRIVAINS ALGÉRIENS qui ont traité de la guerre d'Algérie dans leurs productions romanesques et poétiques. En fait, pour d'évidentes raisons politiques et sociales, la majorité des écrits reflètent cet événement comme un véritable tournant qui a modifié l'ordre des choses dans l'histoire de l'Algérie. En nous proposant d'étudier la présence de la guerre d'Algérie dans l'œuvre de Rachid Mimouni, nous voudrions préciser l'inscription par cet écrivain, dans l'espace textuel de ses romans, des formes et de la signification de cette tranche complexe et dramatique de l'histoire de son pays. En effet, pour Mimouni, la guerre d'Algérie n'est pas simplement relative à une période bien spécifique qui s'est terminée avec l'avènement de l'Indépendance, elle est représentative de l'empreinte du malaise, du désenchantement et de la désillusion qui ont marqué le devenir du pays après 1962. Il importe de souligner, parmi les forces caractéristiques de Mimouni, sa dénonciation explicite du détournement du «fleuve» de la libération par une élite qui s'est accaparé du monopole du pouvoir, ainsi que sa capacité de prévoir et d'attirer l'attention sur la déviation de son pays vers le totalitarisme, l'obscurantisme et l'intolérance. Dans son dernier roman La Malédiction il se charge d'élucider par des situations concrètes toute la problématique de cette nouvelle guerre tragique, voire absurde, qui, depuis plusieurs années, plonge son pays dans une confusion totale. L'intérêt majeur de cette production romanesque demeure l'établissement de liens directs entre l'ancienne guerre d'Algérie et la nouvelle, celle que tout un peuple perdu dans le sillage de la violence et de la barbarie humaine vit douloureusement. C'est dans cette perspective que nous comptons élaborer notre étude pour montrer qu'à l'instar d'écrivains algériens, Mimouni ne s'est pas distancié de l'historicité de la guerre d'Algérie: celle-ci est intégrée dans ses romans à diff érents degrés, et a servi de toile de fond à toute la dramatisation du destin de son pays. Ses représentations romanesques des événements qui ont abouti à une impasse caractérisée par une déchirure politique, humaine et sociale incontrôlable, sont porteuses d'idéologies, et expriment tout à la fois une vision personnelle de l'écrivain qui, à travers l'écriture, a ressenti le besoin de 70 Winter 2001 Redouane livrer le profond désarroi individuel et collectif que ces deux guerres ont suscit é dans l'histoire contemporaine de son pays. Le Printemps n'en sera que plus beaux est le seul roman dans l'œuvre de Mimouni dans lequel celui-ci fait de la guerre sa thématique dominante et tente une réflexion sur l'identité nationale. À vrai dire, dans ce roman «mot de passe», comme le dit Robert Elbaz, Mimouni «raconte dans les termes les plus dénudés l'histoire de la lutte pour l'indépendance»2. Pour l'écrivain, cette guerre demeure à jamais une réalité présente, marquée par une violence sanglante qui constitue l'expression non seulement d'un douloureux souvenir, mais d'une déchirure humaine et sociale obsédante. Une paix à vivre, deuxième écrit de Mimouni, n'est pas un roman sur la guerre, mais sur les premières années de l'Indépendance. L'espace y est très circonscrit : c'est celui de l'École normale de Bouzaréa. Il s'agit d'une chronique de vie d'adolescents au début de l'Algérie naissante; une Algérie meurtrie par la guerre qui vient de s'achever. C'est aussi l'histoire particulière de Ali Djabri, être à part, qui après avoir perdu ses sœurs et ses parents dans des circonstances dramatiques, est admis dans l'établissement de formation d'instituteurs. Dans ce roman, l'histoire des rêves et des d...

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