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Les Paravents de Genet: Ecriture de l'Histoire/écriture de l'abjection Hamdi Hémaïdi ATRAVERS LA RELAOON DES PARAVENTS1 de Jean Genet avec la guerre d'Algérie se posent trois problèmes essentiels: celui de l'écriture de l'Histoire, celui de l'écriture de soi et celui de l'expression d'une vision du monde. Ces problèmes se seraient posés d'une manière différente pour un écrivain autre que Genet En effet, tout se présente dans cette pièce sous le signe du paradoxe. L'auteur est français, mais la parole est donnée aux Arabes beaucoup plus qu'aux Occidentaux. Le théâtre, genre du discours de l'Autre (le personnage), est utilisé ici comme scène de l'autobiographie. Et en corollaire, ce qui s'instaure dans le texte c'est un univers de contre-valeurs qui subvertit constamment ce qui a tendance à s'établir comme norme. A partir de ces données de base nous nous proposons ici d'interroger les divers aspects que revêt la dramatisation d'une guerre par un auteur jusque-là se disant peu soucieux du sens de l'Histoire. Nous nous intéresserons quasi exclusivement à ce qui relève de l'écriture, c'est-à -dire à la part et aux procédés que réserve le texte de la pièce aux trois problématiques mentionn ées. Le texte des Paravents est composé de seize tableaux dont les quinze premiers se succèdent d'une façon continue. Seul le seizième et dernier tableau est séparé du reste par un entracte et divisé en huit scènes. La pièce fait intervenir pas moins de 97 personnages dont 61 Arabes et 36 Européens. Bien que Genet insiste sur le fait que «la réalité historique ne doit se manifester que d'une façon lointaine, presque effacée» (193), on ne peut s'emp êcher de voir dans Les Paravents une «pièce réaliste»2, pour reprendre l'expression employée par Goldmann à propos du Balcon. Mais il s'agit ici beaucoup moins d'une homologie de structures que d'une inscription de l'Histoire dans le texte. En effet, beaucoup d'éléments textuels et contextuels permettent d'établir un lien entre la fiction et le réfèrent extra-textuel. Certes le mot «Algérie» n'est pas prononcé une seule fois, mais il est aisé de constater que l'œuvre a pour principal sujet le conflit qui oppose Français et Arabes et que des indications de lieu («Ain Sofar» au premier tableau), des noms de personnages tels que Madani, Kouider, Lassen, Srira et Nedjma, des précisions relatives aux costumes fournies par l'auteur («Le Cadi: costume traditionnel algérien», 7*™ tableau) suggèrent qu'il s'agit bien des autochtones de ce pays entreprenant des Vol. XLI, No. 4 25 L'Esprit Créateur rapports tendus avec les colons et l'armée d'occupation. Une première version des Paravents intitulée Les Mères est achevée en 1958. La seconde version date de 1961. Celle-ci ne sera créée en France qu'en 1966, quatre ans après la fin de la guerre d'Algérie. Roger BHn, son metteur en scène, affirme que ce sont les événements des Aurès qui, en 1956, ont suggéré à Genet l'écriture de cette pièce. Mais, toujours selon Roger BHn, c'est la mésaventure qu'a connue un ouvrier algérien en France, qui lui en a fourni la trame: Genet «était chez des amis qui faisaient agrandir leur maison et l'un des ouvriers, un maçon algérien, s'était fait piquer ses économies. Avec le peu d'argent qu'il gagnait, il se désolait de ne pouvoir se payer au retour qu'une femme moche»3. Etant pauvre, Said s'est résolu à épouser une femme laide (Leila) et à voler. La pièce ne se réfère cependant pas à des faits historiques précis. Elle montre des rapports entre deux communautés et, dans l'évolution du mouvement de résistance...

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