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Reviewed by:
  • Opinion. Voltaire. Nature et culture
  • Edward Ousselin
Opinion. Voltaire. Nature et culture. Edited by Ursula Haskins Gonthier. (Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 2007: 12). Oxford, Voltaire Foundation, 2007. xi + 307 pp. Pb £69; $140; €105.

Le dernier numéro de l’année 2007 de SVEC consiste en un recueil de treize articles organiséautour de l’idée que le siècle des Lumières aurait été celui de l’opinion, tout autant que de la raison. Plusieurs articles ont pour point de départ les travaux de Jürgen Habermas sur le développement d’un ‘espace public’ en Europe, tout en rappelant que certains auteurs du dix-huitième siècle se méfiaient de la notion, notoirement floue, d’opinion(s). Ainsi que le précise Ursula Haskins Gonthier dans sa très courte introduction: ‘ceux qui associent raison et opinion font toutefois la distinction entre l’opinion (au singulier), force rationnelle et infaillible [. . .] et les opinions (au pluriel), caprices individuels et erronés’ (p. 3). L’évolution du statut même d’une opinion publique naissante semble donc avoir été plus particulièrement liée aux stratégies littéraires et politiques de certains philosophes en quête d’influence. Le cas des physiocrates, qui furent amenés (non sans une certaine réserve) àtenir compte dans leurs écrits du concept de l’opinion, est abordé dans l’article d’Alexandra Hyard (pp. 63–74). Cependant, il est à noter que certaines contributions (qui sont, ce n’est guère une surprise, de longueur et de qualitévariables) ne se rattachent que de façon tangentielle à la thématique centrale de l’opinion: l’article de Lyndia Rovera sur le naturaliste Charles Bonnet (pp. 259–75), pour intéressant qu’il soit, en fournit un exemple. Ce recueil se révèle ainsi être un instrument de recherche fort inégal. Pour sa part, l’article de Nicolas Veysman (pp. 75–89), consacré à une des représentations métaphoriques peu flatteuses de l’opinion publique (l’hydre de Lerne), ajoute peu à son impressionnante étude, Mise en scène de l’opinion publique dans la littéra-ture des Lumières (Paris, Champion, 2004). Parmi les contributions les plus intéres-santes, il y a celle d’Arnaud Decroix (pp. 51–62), qui considère spécifiquement certaines publications des dernières années de l’ancien régime, y décelant une ‘instru-mentalisation’ de l’opinion publique qui cèdera le pas à l’émergence de la nation. On connaî t d’autre part le contraste entre Voltaire, qui fut l’un des premiers à faire ostensiblement appel à l’opinion publique (telle qu’on pouvait alors la concevoir) afin de [End Page 213] faire progresser ses idées, et Rousseau, qui à force de délire de persécution en arriva à concevoir l’opinion comme un bloc hostile. Ce traditionnel contraste est réexaminé de façons parfois étonnantes dans les textes de James Hanrahan (pp. 31–40) et d’Eric Gatefin (pp. 41–48). Dans un des meilleurs articles, Martin Wåhlberg (pp. 277–302) dissèque systématiquement un des lieux communs de ‘l’anthropologie’ des Lumières, retraçant à travers de nombreux textes la création du mythe tenace de ‘l’hospitalité’ lapone, selon lequel les Lapons auraient eu pour coutume d’offrir leur femme aux voyageurs étrangers. La propagation de ce mythe littéraire, qui n’avait pour origine que de vagues anecdotes, représente une fascinante étude de cas en ce qui concerne la constitution d’une opinion largement répandue — et totalement infondée. De telles contributions, d’une haute tenue critique, font de ce numéro de SVEC un document utile, qui aurait toutefois gagné à être mieux resserré autour de sa thématique centrale.

Edward Ousselin
Western Washington University
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