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  • Les Amours romanesques de la fin des guerres de religion au temps de l’Astrée (1585–1628)
  • Pascale Mounier
Les Amours romanesques de la fin des guerres de religion au temps de l’Astrée (1585 – 1628). Par Frank Greiner. (Bibliothèque littéraire de la Renaissance). Paris, Champion, 2008. 556 pp.

Il fallait un ouvrage de synthèse sur la fiction sentimentale de la fin du XVIe siècle et du début du suivant abordant de manière novatrice la question du ‘roman de l’âge baroque’ à travers ’un corpus important de récits. C’est chose faite, grâce au travail de Frank Greiner. L’hypothèse d’ensemble est formulée au départ: à la croisée des approches littéraire, historique et sociologique, elle postule que les fictions portent la marque d’un ‘modèle culturel en prise avec la réalité’. Les récits amoureux reflèteraient un état des mœurs particulier et permettraient sa mise en forme symbolique. L’idée d’une interaction entre littérature et sociétéconvainc, appuyée qu’elle est sur l’histoire des mentalités: la paix qui fait suite aux guerres de religion aurait entraîné un raffinement des relations entre sexes et une relative tolérance à l’égard de la concupiscence. Après un tour d’horizon du milieu des romanciers, établissant qu’il s’agit de gentilshommes catholiques évoluant dans les salons puis, à partir de 1620, de quelques bourgeois, une brève analyse de la réception des textes tient lieu de théorisation romanesque. Le terme histoire, souvent utilisédans la titrologie, est interrogé, mais pas assez les textes préfaciels: à une époque ou`le discours sur le roman prend une ampleur sans précédents, et pas seulement sous la plume de Marie de Gournay, Jean-Pierre Camus ou de Sorel, les préfaces de certaines œuvres offrent un apport de première importance. Vient ensuite l’examen de récits aussi disparates que L’Œuvre de la chasteté de Nicolas de Montreux, des Amours d’Amisidore et Chrysolite de Du Bail, du Martyre d’Amour de Jean Corbin et de l’Histoire comique de Francion de Sorel. On apprécie entre autres la confrontation fine de l’incipit des Angoysses douloureuses d’H. de Crenne et de celui des Bergeries de Juliette de Montreux. On trouve de même une réflexion intéressante sur l’imaginaire sentimental du ‘roman héroïco-galant’, dont la naissance est donnée par le terminus ad quem de l’enquête — l’année 1528 —, qui [End Page 82] fait ressortir en négatif celui des fictions antérieures. Le rattachement des récits d’amour à la ‘littérature romanesque’ n’est cependant pas assez justifié. Si la nécessitédu dépassement des préoccupations génériques est établie dans le développement, on ne peut appeler à la légère certains textes ‘romans’, moins encore les ‘histoires tragiques’ que les fictions ‘néo-courtoises’. Mais on objectera avec raison que le raisonnement fait le choix d’une approche non générique, mais thématique: il s’agit de regrouper les œuvres en trois types de représentation de la passion; c’est en ce sens qu’il faut comprendre les qualificatifs exemplaires, dévotes ou d’aventures affectés aux catégories narratives repérées. Le travail suit donc de bout en bout la voie étroite qu’il s’est fixée: il démontre point par point l’existence d’un lien entre l’‘imagination amoureuse’ d’une société et les ‘fantasmes de ses histoires’.

Pascale Mounier
G.R.A.C., Lyon
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