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Reviewed by:
  • Global Outlaws: Crime, Money, and Power in the Contemporary World
  • Béatrice Hibou
Carolyn Nordstrom. Global Outlaws: Crime, Money, and Power in the Contemporary World. Berkeley: University of California Press, 2007. xxi + 234 pp. Photographs. Notes. References. Index. $55.00. Cloth. $21.95. Paper.

Global Outlaws est construit intelligemment, avec une montée en généralité à partir d’un tout petit lieu d’observation (le vendeur de cigarettes dans une ville d’Angola) pour aller au plus vaste (les réseaux transnationaux dans les plus grands ports du monde), et des allers-retours constants entre l’une et l’autre de ces échelles. L’originalité du travail réside dans la volonté d’appréhender, à partir d’une démarche anthropologique, la globalité [End Page 175] d’un phénomène (l’économie hors la loi) le plus souvent abordé par des disciplines normatives (l’économie), ou peu soucieuses des jeux d’acteurs (la science politique) ou de terrains historiquement situés (les global studies). On trouve dans l’ouvrage d’intéressantes descriptions concrètes de pratiques, notamment dans les ports, des dialogues vivants qui décrivent effectivement une réalité complexe—mais une réalité méconnue uniquement des manuels classiques d’économie politique et des membres les plus dogmatiques des organisations internationales. Car c’est là que le bât blesse. Lorsque l’on fait le choix d’une analyse sur le mode du récit et du questionnement volontairement naïf, il faut s’en donner les moyens. C’est-à-dire faire un livre de terrain, or ceux-ci n’apparaissent pas très denses; ou bien un livre de problématisation novatrice, or Carolyn Nordstrom enfonce des portes ouvertes en faisant fi des très nombreux écrits sur le sujet ou des sujets proches.

D’emblée, la lecture de ce livre frappe par sa légèreté intellectuelle et son incohérence, que révèle la nature de la bibliographie mentionnée par l’auteur, presque uniquement composée d’ouvrages sur la criminalité économique—alors même que l’argument principal du livre est de montrer qu’il est impossible de circonscrire le criminel à des sphères d’activités bien connues, mais qu’il s’étend à toutes les pratiques en marge de la légalité, et que les chevauchements ou relations entre légal et illégal sont quasi-universels. Pourtant, les travaux sont nombreux, et beaucoup d’excellente qualité, qui prennent à bras le corps les questions soulevées furtivement et sans démonstration par l’auteur. Si l’objectif est d’appréhender l’économie réelle, pourquoi ne pas utiliser les travaux de Janet MacGaffey, Jane Guyer, Sara Berry, Janet Roitman (qu’elle cite mais n’utilise pas)? Certes ces écrits restent circonscrits à des terrains africains, mais par la finesse et la complexité des mécanismes qu’ils décrivent, ils auraient pu servir de base et d’aiguillon intellectuel pour l’analyse globale de l’ouvrage. Les travaux sur les activités dites informelles, souterraines, illicites, illégales ou criminelles ont depuis longtemps mis en évidence la cohabitation du légal et de l’illégal, les significations politiques de celles-ci en termes d’exercice du pouvoir, de citoyenneté et de souveraineté, de conception de la sécurité et du politique en général. La compréhension socialement et historiquement construite d’un phénomène global est totalement étrangère au questionnement de Nordstrom: très peu est dit des sociétés qui abritent ces flux économiques, des processus politiques qui les accompagnent et les façonnent, des trajectoires des individus et des groupes qui en sont les acteurs, sur les significations spécifiques de ces phénomènes globaux dans des so-ciétés concrètes très différenciées.

Nordstrom critique les recherches en sciences sociales qui ne prendraient pas en compte les réalités. Ce positionnement n’est-il pas, cependant, lié à sa faible maîtrise du sujet? Elle nous fournit une conception particulièrement pauvre du politique et de l’Etat, le premier étant réduit à un bien (cf. par exemple le chapitre 5...

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