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Reviewed by:
  • « Cleveland » de Prévost: l’épopée du XVIIIe siècle, and: Figures de l’imaginaire dans le « Cleveland » de Prévost, and: Prévost et le récit bref
  • Aurelio Principato (bio)
Jean-Paul Sermain, dir. « Cleveland » de Prévost: l’épopée du XVIIIe siècle. Paris: Éditions Desjonquères, 2006. 318 pp. €24. ISBN 978-2-84321-089-1.
Éric Leborgne. Figures de l’imaginaire dans le « Cleveland » de Prévost. Paris: Éditions Desjonquères, 2006. 292pp. €22. ISBN 978-2-84321-088-4.
Jan Herman et Paul Pelckmans, éds. Prévost et le récit bref, CRIN 46. Amsterdam: Rodopi, 2006. 217pp. €44; US$57. ISBN 978-90-420-2050-4.

Avec la Vie de Prévost de Jean Sgard, ces trois volumes représentent sans doute les contributions plus importantes que l’année 2006 a consacrées à celui qui récemment encore, dans la conscience commune, n’était que « l’auteur de Manon Lescaut ». Ils viennent former, en outre, un ensemble organique, car ils mettent en vis-à-vis les structures narratives du roman le plus long, Le Philosophe anglais, ou Histoire de Monsieur Cleveland, avec les formes du récit bref. [End Page 589]

Nous discuterons conjointement les deux premiers ouvrages, issus par ailleurs de la même équipe, celle de l’Université de Paris 3, qui occupe aujourd’hui le devant de la scène dans les recherches des dix-huitièmistes. Le volume dirigé par Jean-Paul Sermain est plus qu’un recueil d’articles. Il inclut en effet la préface de Cleveland, qu’un accident informatique avait empêché de figurer dans la récente édition critique de J. Sgard et Ph. Stewart, et, en outre, l’analyse du tome 5 apocryphe, l’iconographie et la réception du roman. Tous ces documents ont été recueillis et présentés par Philippe Stewart. De plus, René Démoris et Jean-Paul Sermain ont eu l’excellente idée de rendre hommage à la valeur d’un chercheur disparu très jeune, Yann Salaün, en publiant de sa thèse inachevée, un chapitre qui porte sur la tentation d’infanticide de Cleveland: interprété comme répétition transitive de la persécution de Cromwell sur le protagoniste, ce geste ne saurait être représenté, au xviiie siècle, qu’ayant recours au topos tragique conventionnel.

Dans une courte mais dense introduction, J.-P. Sermain rend compte de la nature épique du Philosophe anglais, à laquelle renvoie le titre du volume, et non seulement il situe l’ouvrage dans le contexte générique de son temps, mais éclaire très bien le mode personnel et intérieur qui caractérise la présence de la religion par rapport aux dieux de la tradition. D’autres éléments de l’épopée sont présents, par le biais du voyage en mer (D. Orsini) et, surtout, des relations de pouvoir que J. Sgard étudie à travers le personnage du duc de Monmouth, laissé jusqu’ici assez dans l’ombre par la critique, que J. Calvignac élargit aux multiples facettes du thème de la liberté, et qui fournissent l’aboutissement, dans l’ordre à la fois sexuel et politique, de l’intéressante exploration que J. Berchtold mène, en diachronie, sur l’épithète tigre féroce pour y constater l’émergence d’une pulsion dominatrice.

En profitant de la contiguïté entre les deux volumes que nous avons établie, nous accrocherons ce dernier motif à Figures de l’imaginaire dans le «Cleveland» de Prévost, en relevant, à l’occasion, les analogies de contenu que d’autres contributions de l’ouvrage collectif présentent avec la monographie d’Éric Leborgne. C’est, en effet, sur l’analyse des fantasmes qui montrent la répétition des expériences archaïques liées à l’image maternelle sadique que se fonde l’enquête de Leborgne, afin d’aboutir à la reconstruction cohérente de l’histoire intérieure du héros.

Parfait connaisseur de la bibliographie sur Prévost, formé à l’excellente école de René Démoris quant à l’application des perspectives psychanalytiques aux textes romanesques du xviiie si...

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