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Reviewed by:
  • André Gide and the Second World War: A Novelist's Occupation
  • Pascal Mercier
André Gide and the Second World War: A Novelist's Occupation, By Jocelyn Van Tuyl. Albany, NY, State University of New York Press, 2006. 256 pp. Hb $75.00.

Jusqu'à aujourd'hui, par une curieuse fatalité, un grand nombre de ceux qui se lancèrent dans des travaux biographiques sur Gide abandonnèrent leur étude du [End Page 354] destin du 'contemporain capital' bien avant d'avoir examiné son attitude sous l'Occupation. Ceci pourrait s'expliquer par la profusion d'engagements contrastés et de prises de positions parfois contradictoires qui, dès le début des années 1930, firent de sa vie un véritable carrefour du monde intellectuel français de l'époque, compliquant singulièrement la tâche de ceux qui prétendaient en faire la synthèse. Pour sortir de cette impasse, l'on eut souvent recours à des monographies et l'on en compte ainsi un bon nombre autour de son fameux voyage en URSS; mais un épais silence, où l'on percevait comme une sorte de gêne, régnait au sujet de ses activités durant la Seconde Guerre Mondiale. Le livre de Jocelyn Van Tuyl vient donc combler très heureusement une lacune s'attachant, à vrai dire, plus aux écrits de Gide qu'à sa vie. Toutefois cette approche est des plus légitimes, concernant un écrivain, et alors même que l'auteur des Faux-Monnayeurs se prétendit de plus en plus menacé par le spectre de la stérilité il suffit d'évoquer ses Interviews imaginaires, son Journal et son Thésée pour voir que son désir, maintes fois proclamé, de prendre ses distances vis-à-vis des tumultes de l'époque ne le rendit pas pour autant muet. C'est donc au décryptage de tous ses écrits de guerre que s'attache avec finesse Van Tuyl et, dans l'ensemble, elle le fait avec une bonne compréhension des enjeux de cette période complexe. Certes on remarquera qu'elle n'a pas étayé certaines hypothèses concernant les intentions de Gide vis-à-vis du personnage de Thésée sur l'examen des manuscrits mais en reprenant simplement une supposition émise en son temps par le regretté Daniel Durosay, et l'on sait qu'en matière d'intentions inabouties Gide ne manquait pas d'imagination. Tout en étant extrêmement bien documentée cette étude n'apporte pas de révélations majeures mais elle a le grand mérite de traiter à fond le sujet en faisant lisière des rumeurs que l'on retrouve ici ou là chez les nombreux détracteurs que Gide avait de son vivant. Cependant il était peut-être légèrement superfétatoire de mettre en parallèle des positions de Gide avec celles de Simone de Beauvoir ou de Paul de Man comme Van Tuyl le fait, car ils ne couraient pas dans la même catégorie pourrait-on dire et n'appartenaient pas à la même génération. En revanche il n'aurait pas manqué d'intérêt de regarder de plus près comment se situaient les autres écrivains français nés entre 1870 et 1890. À tout prendre, Gide fut alors bien moins futile qu'un Cocteau et moins changeant qu'un Claudel; or, paradoxalement, l'on se montra souvent plus sévère envers lui qu'envers eux.

Pascal Mercier
University of Sheffield
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