In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • The Story of French
  • Benoît Leblanc
Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow, The Story of French. Mississauga, Alfred A. Knopf, xii-484 p., 36$

Conjoints dans la vie et coauteurs du best-seller (selon la pochette du livre) Sixty Million Frenchmen Can't Be Wrong paru en 2003, les journalists-authors Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow récidivent cette fois avec la publication d'une ixième histoire de la langue française. Toutefois, les auteurs clament l'originalité de leur approche en signalant d'entrée de jeu : « As far as we know, this is the first popular history of the language that addresses the issues in a narrative that stretches from Charlemagne to actress Jodie Foster ». Tout au long des quatre grandes parties (« Origins », « Spread », « Adaptation » et « Change ») qui jalonnent cet ouvrage, ils tentent d'expliquer le deuxième paradoxe français, à savoir comment selon eux le français a réussi à maintenir son influence à l'échelle mondiale en dépit de l'ascension constante de la langue anglaise. Leur argumentation repose sur des faits historiques et sur des citations de personnages qui ont marqué l'histoire du français et elle se veut appuyée sur des témoignages (entrevues) et des observations relevées au cours de nombreux voyages effectués à travers la francophonie pour documenter leur ouvrage. Malheureusement, ces dernières remarques tiennent d'impressions du moment, souvent dénuées de rigueur. Dans un autre ordre d'idées, notons qu'en ce qui concerne les [End Page 613] données contemporaines de l'histoire du français, les auteurs consacrent une bonne part de leurs propos aux personnalités québécoises qui ont contribué à la sauvegarde de cette langue. Pour ce qui touche les aspects langagiers (corpus), ils mentionnent pertinemment qu'ils ne sont pas des spécialistes en linguistique, aussi faut-il donc lire avec une certaine réserve les exemples cités à l'appui des descriptions, notamment, des régionalismes du français. Ainsi, il est faux de prétendre que les archaïsmes nic (pour nid) et avenant (gentil) soient propres à la Louisiane. À preuve, l'adjectif avenant figure dans l'édition 2007 du Petit Robert et du Petit Larousse illustré, et ce, sans marques d'usage. L'aspect linguistique se révèle aussi sujet à caution dans la mesure où on sent bien que les auteurs se sont documentés à partir de textes (v. bibliographie de l'ouvrage) et de théories classiques du domaine sans, sÛrement par souci d'allégement, citer leurs sources. Ce qui les oblige fréquemment à généraliser abusivement certaines notions, par des formulations telles que : « Linguists believe. . . », « Linguists know. . . », « Linguists agree. . . », etc., assertions laissant entendre que l'unanimité est chose acquise chez les linguistes, ce qui reste à prouver. Leur argumentation fait aussi appel aux statistiques. Mais après nous avoir inondé de chiffres, les auteurs conviennent tardivement vers la fin du livre : « Statistics on French-language users (and for all languages) have to be considered with care. When we were travelling to research this book, we came to the conclusion that the statistics didn't always correspond to the actual state of French in a country – or in English, for that matter ». Il faut aussi attendre aux Appendices pour apprendre qu'il s'agit d'estimations. Nul doute que le lecteur aurait aimé en être informé dès le début du livre. Petit détail amusant, on lira aux pages 166 et 475 (index) le nom du grammairien Maurice Grevisse, orthographié Grévisse, faute fréquemment commise par les profanes. Ajoutons les Frédéric Dart (sic) et l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) qui souffrira d'être nommée Agence universitaire francophone, Agence universitaire de la Francophone (p. 339) et Agence universitaire francophonie (index).

Bien que nous ne partagions pas l'optimisme des auteurs en ce qui touche l'avenir du français, il n'en demeure pas moins que cette langue peut compter sur Nadeau et Barlow; on verra ici ses plus ardents défenseurs, voire illustrateurs à la du Bellay. Cependant, ils semblent vivre sur une autre planète, notamment en...

pdf

Share