In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Logiques improvisées. Entrevues et essais, and: Parade ou les autres, and: J.R. Léveillé par les autres
  • Jimmy Thibeault
J. R. Lé veillé , Logiques improvisées. Entrevues et essais. Saint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 2005, 142 p., 29,95$
J. R. Lé veillé , Parade ou les autres. Saint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 2005, 398 p., 29,95$
J.R. Léveillé par les autres. , s. la dir. de Lise Gaboury-Diallo, Rosmarin Heidenreich et Jean ValentinSaint-Boniface (Manitoba), Les Éditions du Blé, 2005, 367 p., 29,95$

Logiques improvisées de J. R. Léveillé. Le titre dit tout! L'auteur qui improvise au rythme des mots, qui se laisse porter par le tempo de l'écriture, à la manière du jazzman: «Improvisé mais su, c'est entendu». Léveillé précise: «Il n'est pas insensé [...] de rappeler que les plus récentes théories scientifiques indiquent que même les atomes possèdent le libre-arbitre.» Ici, le sujet qui s'improvise suit nécessairement une logique, la sienne, celle de son écriture et du rapport qu'il entretient avec elle. L'écrivain, artisan de l'écriture, puise dans sa subjectivité pour donner un sens aux mots... au monde. Mais ce travail n'est jamais à sens unique et, par un effet de miroir, d'autoréflexivité du sujet, de l'écriture, le mot sert lui-même à donner une nouvelle profondeur [End Page 600] à l'écrivain: «L'œuvre est un produit de moi tout autant que je suis un produit de mon œuvre...». L'ouvrage que nous offre Léveillé met au jour cette «logique improvisée» qui anime son œuvre en rassemblant une sélection de textes (entrevues, essais, articles et interventions) où l'auteur réfléchit à son rôle d'écrivain, aux particularités de son écriture ainsi qu'à son rapport avec la littérature et l'art dans son ensemble. Le lecteur doit cependant être mis en garde dès le début contre une apparente redondance dans l'utilisation de certaines citations, références, allusions et métaphores qui reviennent constamment d'un texte à l'autre. Cette redondance est assumée, elle est même justifiée puisque Léveillé la présente plutôt «comme des variations sur un thème»: son écriture.

En fait, l'essentiel du message qu'on retrouve dans Logiques improvisées se résume à l'importance qu'accorde Léveillé à l'écriture comme centre de sa propre écriture. On sent bien, d'un texte à l'autre que, pour lui, l'écriture est tout. Il le répète à plusieurs reprises: l'intérêt de l'écriture se trouve dans l'écriture elle-même. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi il n'écrit jamais, du moins dans sa fiction, sur la problématique de la communauté franco-manitobaine et sa situation de minoritaire: «L'écriture doit transcender le discours des communautés, qui sont essentiellement des manifestations d'une existence culturelle et "behavioriste"». Plus encore, l'écriture communautaire, «dans ses pires manifestations», ne représente qu'une propagande sous couverture socioréaliste. Cela ne signifie évidemment pas que Léveillé rejette toute appartenance à la culture franco-manitobaine; au contraire, comme il le démontre par ses nombreuses interventions dans des colloques, des revues et par la publication d'une anthologie de la poésie francophone au Manitoba, «la communauté minoritaire dont je suis issu m'intéresse vivement». Il s'empresse cependant d'ajouter: «Par contre, je n'ai que faire de la "communauté" dans mes propres écrits». D'ailleurs, il le répète, son écriture ne porte que sur elle-même, sur la magie du sens qu'elle produit et qui projette, à la manière du miroir d'Alice, l'écrivain et le lecteur dans un monde autrement inaccessible: «elle permet de passer au pays des merveilles». De sorte que lorsqu'il doit répondre à la question du sujet qui motive son écriture, Léveillé constate: «Alors que plusieurs croient que l'écriture est au service du sujet, je suis plutôt de l'avis – et telle est ma pratique d'écrivain – que le...

pdf

Share