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  • Entre la boussole et l'étoile. Livre de bord 1984-2005. Journal, and: Écrire de la fiction au Québec. Essai
  • Michel Lord
Noël Audet , Entre la boussole et l'é toile. Livre de bord 1984-2005. Journal. Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 227 p., 25$
Audet, Noël , Écrire de la fiction au Québec. Essai. Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2005, 158 p., 15$

En 1984, Noël Audet entreprend d'écrire un « journal de bord », qui n'a rien du « journal intime, lequel se consacre surtout aux mouvements du cœur [. . .] et aux événements quotidiens ». Il veut « plutô t noter [. . . ] quelques idées [. . .] irrésistibles et qui ne trouvaient aucun point de chute plus propice. C'est le livre de bord de [s]a navigation intellectuelle et artistique » (« Liminaire », Boussole).

Bien qu'il se défende de vouloir être pamphélitaire, il prendra vigoureusement position sur les grandes questions tant sociales ou politiques qu'esthétiques et morales, qui le préoccupent au plus haut point, comme la langue parlée et écrite au Québec, la place de la littérature, les formes qu'elle prend ou (ne) devrait (pas) prendre, le statut du Québec (son indépendance ou non), les nouvelles « réalités » à la télévision. . . Et il n'évite pas d'aborder malgré lui certains mouvements du cœur sur tous les sujets, y compris la quotidienneté, dont la maladie qui le rattrape en fin de parcours, lui qui se sait atteint dès 1999 d'un cancer qui l'emportera le 29 décembre 2005. [End Page 578]

Nous le suivons donc dans le sillage de son écriture qui s'apparente aux mouvements d'un bateau en pleine mer sur laquelle le capitaine navigue boussole en main, certes, mais pris parfois dans les tempêtes de toutes sortes qui secouent sa vie et celle du Québec. En écrivain aguerri, il nous donne à lire des pages toutes fascinantes, et même souvent provoquantes.

Il s'agit en quelque sorte de la continuité de la réflexion qu'il avait amorcée dans Écrire de la fiction au Québec, ouvrage paru en 1990, et réédité en 2005, avec une mise à jour et des chapitres supplémentaires. De là à rencontrer des redites d'un ouvrage à l'autre et des répétitions dans le journal de bord, cela n'a rien d'étonnant, Noël pratiquant le genre essayistique avec tout ce que cela comporte d'investissement personnel et de passion pour les sujets qu'il aborde. Le cœur chez lui n'est jamais loin de la raison bien qu'il se targue d'abonder surtout dans le dernier sens.

La question du Québec est celle qui revient le plus souvent, et sous divers angles, politique, linguistique, social, historique, littéraire. Comparant le Québec avec les autres territoires des Amériques qui se sont pour la plupart libérés et assumés, il ne se montre pas tendre pour ce que le Québec est devenu, ou au contraire, n'est pas advenu :

[. . .] nous, Québécois, nous portons nos contradictions politiques comme stigmates sur notre front, notre culture menacée, notre pays manqué comme fléau sur nos épaules; en un mot, nous affichons malgré nous notre malheur de n'être pas vraiment au monde.

(Boussole)

Ailleurs, il parle d'une facette contraire à ce portrait, montrant par là la nature ambivalente du peuple québécois:

Il y a une légèreté québécoise tout à fait admirable en un sens: c'est un peuple qui se retourne vite, qui aime s'amuser, qui se plaint peu quand il souffre, qui oublie vite. Notre devise nationale est fort mal choisie.

(Boussole)

Il avoue avoir été indépendantiste de 1960 1995, et prend des chemins fort tortueux pour expliquer pourquoi il ne l'est plus (cela a trait essentiellement aux conséquences incertaines, potentiellement explosives), mais il revient vers la fin de sa vie, en octobre 2003, sur le sujet, comme pour dialoguer contradictoirement avec lui-même:

On rêverait toujours cependant, au fin fond de soi, qu'ils...

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