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  • Nomades, voyageurs, explorateurs, déambulateurs. Les modalités du parcours dans la littérature, and: Romans de la route et voyages indentitaires
  • André Lamontagne
Nomades, voyageurs, explorateurs, déambulateurs. Les modalités du parcours dans la littérature, s. la dir. de Rachel Bouvet, André Carpentier et Daniel Chartier. Paris, L'Harmattan, 255 p., 23 €
Romans de la route et voyages indentitaires, s. la dir. de Jean Morency, Jeannette den Toonder et Jaap Lintvelt. Québec, Éditions Nota bene, coll. Terre américaine, 361 p.

Tout comme à la fin du XIXe siècle, l'esprit du temps est de nouveau au voyage, à la déambulation urbaine, à l'exploration de territoires inédits ou en apparence familiers. Ce zeitgeist trouve une résonance au sein de la critique universitaire, comme en font foi l'émergence de groupes de [End Page 574] recherche axés sur la représentation de l'espace et la parution d'essais consacrés aux formes actuelles ou plus anciennes du parcours spatio-identitaire.

Fruit d'un colloque qui s'est tenu à l'UQAM en décembre 2003, l'ouvrage publié sous la direction de Rachel Bouvet, André Carpentier et Daniel Chartier regroupe autour de trois axes (« Nomades et voyageurs », « Explorateurs » et « Déambulateurs ») une série de questions sur les différentes formes du déplacement dans l'espace. En ouverture, Kenneth White, une figure de premier plan de la géopoétique aussi connue pour ses way-books, raconte ses « Pérégrinations en Laurasie », selon un itinéraire fidèle à la tectonique des plaques qui ouvre une voie nouvelle. Pour sa part, Rachel Bouvet esquisse à partir de deux romans de l'écrivaine algérienne Malika Mokkedem une figure de l'entre-deux qui conjuguerait les caractéristiques du nomade et de l'errant, soit la répétition et la découverte. Le désert est également au cœur de l'étude que Denise Brassard consacre à l'écriture nomade de Serge Patrice Thibodeau, dont le substrat acadien (mémoire, déracinement et altérité) se superpose à l'exploration du Proche-Orient. Farid Zahi, quant à lui, montre comment le dernier roman de l'auteur marocain Abdelhébir Khatibi jette un pont entre la mystique musulmane et le pèlerinage, l'écriture et la mouvance. Pour clore cette première partie, François Foley compare deux récits de voyage en Egypte, l'un sous la plume d'un membre d'une expédition napoléonienne, l'autre par Pierre Loti. Dans cet article très fouillé, on voit se creuser, du début à la fin du XIXe siècle, un écart entre l'orientalisme exotique, voire pharaonique, et une Égypte moderne dévastée par le colonialisme britannique.

La deuxième partie de l' ouvrage nous invite à accompagner les explorateurs du nord et des sommets. Maria Walecka-Garbalinska analyse les stratégies de familiarisation de l'espace, notamment l'inter-textualité, dans les parcours nordiques de l'écrivain français Xavier Marmier. Selon Daniel Chartier, qui interroge un vaste corpus québécois, le Nord peut se définir comme un objet interculturel et le lieu d'un déroutement, où la quête physique se dissout souvent dans une quête conceptuelle ou spirituelle. Abordant une problématique inhérente au genre, soit la représentation du sujet, Daniel Laforest propose une lecture croisée des écrits de Samuel Hearne qui relatent l'exploration du passage du nord-ouest et de l'œuvre de Pierre Perrault, qui dessine une « cartographie du sensible ». Les parcours d'alpinistes-écrivains font ici l'objet de deux articles à teneur comparatiste. Hélène Guy est à l'écoute de « Deux voix sur une seule voie », c'est-à-dire des récits que font Louis Lachenal et Lionel Terray d'une même cordée. Les expériences-limites de l'Everest vécues par le Québécois Yves Laforest et l'Américain Jon Krakauer (dont l'ascension tournera au cauchemar) [End Page 575] mettent en évidence, selon Caroline Proulx, la fragmentation de l'espace qui caractérise la représentation.

La troisième section nous entraîne dans les carrefours de la...

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