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  • La décennie charnière (1960-1969)
  • Sophie Beaulé
La décennie charnière (1960-1969). s. la. dir. de Claude Janelle. Qué bec, Alire, x-335 p.

Le nom de Claude Janelle est bien connu des amateurs et spécialistes de science-fiction et de fantastique québécois. Mentionnons d'abord qu'il est membre fondateur de la Corporation du Grand Prix de la science-fiction et du fantastique québécois. Il œeuvre aussi comme critique; outre des textes publiés dans des revues telles que Lettres québécoises et Solaris, il est rédacteur en chef des irremplaçables volumes de L'année de la science-fiction et du fantastique québécois (ASFFQ) qui couvrent, grosso modo, la production contemporaine (1984–2000). Son regard se tourne aussi sur le passé, puisqu'il a publié Le XIXe siècle fantastique en Amérique française (Alire, 1999). La qualité de son travail lui a valu de remporter à trois reprises le prix Boréal de la meilleure critique, octoyé par le milieu.

Entouré d'une équipe de huit spécialistes, Janelle porte encore une fois un éclairage nouveau sur la littérature québécoise avec La décennie charnière (1960-1969). Fidèle à la formule rédactionnelle des ASFFQ, l'ouvrage offre une anthologie que précèdent une présentation générale (complétée de tableaux) et la recension des œuvres publiées durant cette décennie. Chaque recension se compose d'une notice biobiblio-graphique, d'un résumé, d'une évaluation ainsi que de renvois aux critiques publiées sur l'œuvre. Il est à remarquer que seules les critiques non répertoriées par le Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec se voient mentionnées. L'évaluation des textes, d'esprit journalistique, profite du recul temporel pour souligner l'intérêt des textes dans l'histoire littéraire ainsi que leur caractère novateur (s'il y a lieu), leurs forces. . . et leurs faiblesses – pointées sans quartier. [End Page 572]

Malgré la difficulté de couvrir le champ entier (on pense à l'inventaire, fragmentaire, de la publication en fascicules, par exemple), La décennie charnière souligne combien la production en fantastique et science-fiction apparaît plus importante qu'on pourrait le croire à prime abord, soit 140 nouvelles et 21 romans (dont le feuilleton Les aventures étranges de l'agent IXE-13), selon les critères adoptés par L'Année de la SFFQ. Notons que ces chiffres excluent les rééditions et les traductions, ainsi que les textes indécidables en raison de leur position à la limite des genres. Importante, la production en fantastique et science-fiction l'est aussi pour ses pratiquants, où l'on retrouve des écrivains majeurs comme Yves Thériault, Michel Tremblay et Claude Jasmin, ainsi que des auteurs moins connus aujourd'hui, mais tout aussi marquants dans l'histoire littéraire comme Jean Tétreau et Maurice Gagnon. La production en fantastique et SF trouve son créneau chez quelques éditeurs, dont Lidec pour les œuvres jeunesse, mais surtout les É ditions du Jour qui servent de tremplin aux jeunes auteurs. C'est là, par exemple, que Roch Carrier publie son premier recueil, Jolis deuils, et Yves Thériault Si la bombe m'était contée, recueil marquant pour sa thématique autant que sa forme. Les années 1960 voient ces littératures émerger véritablement, selon Janelle; produites par une majorité de jeunes auteurs, elles demeurent encore, néanmoins, sans chefs de file. On devra en effet attendre le milieu des années 1970 pour assister à la formation d'un milieu SFFQ.

Le titre, Décennie charnière se montre heureux en ce qu'il met en relief les courants discursifs hétérogènes, du passéisme à la modernité, qui sous-tendent ces genres, à une époque de mutations sociales. Tandis que le fantastique domine la nouvelle, la science-fiction se loge dans le roman, en particulier dans la littérature jeunesse, qui prend son essor à l'époque. Le genre science-fictionnel, progressiste en raison de son esthétique impliquant la déterritorialisation...

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