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Reviewed by:
  • Lyrisme et énonciation lyrique
  • Robert Yergeau
Lyrisme et énonciation lyrique. , s. la dir. de Nathalie Watteyne. Québec, Éditions Nota bene, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux (France), 355 p.

Ce livre donne a` lire les actes du colloque « Le lyrisme aujourd'hui: lectures d'un discours complexe », tenu a` l'Université de Sherbrooke les 2, 3 et 4 octobre 2003, auquel participaient des universitaires québécois et européens.

Jean-Michel Maulpoix ouvre le bal analytique. Ce choix est justifié puisqu'il a beaucoup écrit sur le sujet (mentionnons La voix d'Orphée en 1989 devenu, dans une version considérablement augmentée en 2000, [End Page 555] Du lyrisme, et La poésie comme l'amour en 1998). D'ailleurs, la moitié des auteurs de l'ouvrage le citent. Le titre de son article (« Énonciation et élévation : deux remarques sur le lyrisme ») surprend par sa modestie. Un titre peut être modeste sans que le texte le soit; or, ce dernier, qui compte à peine sept pages, est à l'avenant. Après un incipit convenu sur les « pourfendeurs du lyrisme » et quelques phrases sur le sens des mots « lyrique » et « lyrisme », Jean-Michel Maulpoix rappelle que « l'écriture lyrique » ne s'énonce pas seulement au « je ». Puis, passant de l'énonciation à l'élévation, il constate que, même « [c]hez les modernes, lorsqu'il ne s'agit plus d'élever la voix jusqu'au chant, au moins le lyrisme intéresse-t-il toujours une montée en puissance de la langue, fÛt-ce dans le négatif ou le 'désordonnement' [Flaubert] ». Cette observation est intéressante, car la redéfinition du lyrisme constitue l'une des questions centrales du livre. Toutefois, cette remarque et quelques autres ne parviennent pas à faire oublier le manque d'envergure de l'article de Jean-Michel Maulpoix, surtout si je le compare à ceux de Dominique Rabaté et de Laurent Jenny qui le suivent. Certes, Dominique Rabaté (« Interruptions – Du sujet lyrique ») propose la même lecture du lyrisme moderne que Maulpoix : « Le lyrisme reste ainsi le mouvement de ce qui excède, qui porte en avant la parole, mais sans s'accompagner des différentes figures de l'ethos lyrique qui avaient présidé aux manifestations poétiques antérieures ». Toutefois, Rabaté va plus loin, se demandant s'il est « en train de faire ainsi le portrait du poète post-lyrique ». Or, pour lui, ce postlyrisme constitue moins la fin du lyrisme que son approfondissement: « Le poète de notre temps est poète de l'écart et de l'intervalle à coup sÛr, parce qu'il ne cesse de creuser la question lyrique originelle [. . .]. » Et ce creusement témoigne de « la conscience déchirée du poète d'aujourd'hui » entre « la douloureuse conscience d'une perte » et « le désir d'un chant, d'un chant à la fois proche et lointain ». L'article de Laurent Jenny (« La vulgarisation du sujet lyrique ») clôt la première partie du livre (« Registres du lyrisme : des élévations de la voix aux fluctuations du sujet »). Il soutient, de manière audacieuse, que « l'écriture automatique ne lui semble pas rompre avec la parole décentrée de la tradition lyrique » : « Je voudrais même suggérer qu'une sorte de relève basse, si l'on me passe l'expression, finit par substituer dans l'histoire du lyrisme l'inconscient langagier à la forme du vers comme figure de décentrement ». Le développement analytique de cette hypothèse aboutit à ceci: « La démocratisation du lyrisme annoncée par le surréalisme s'accomplit par le bas de la psyché. Mais le lyrisme y perd son nom et son genre. Il faudra dès lors reconnaiˆtre son dispositif non seulement hors de lui, mais hors même de la poésie. » Si tel est le cas, s'agit-il toujours de lyrisme? Après avoir examiné les œuvres de Christine Angot, de Valère Novarina et de Franc¸ois Bon, Laurent Jenny [End Page 556] répond par l'affirmative: «Vis-à-vis de la tradition lyrique, seule a changé de signe la valeur éthique du registre discursif...

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