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  • De plume et d'audace: femmes de la Nouvelle-France Essai
  • David M. Hayne
Chantal Théry , De plume et d'audace: femmes de la Nouvelle-France Essai. Montréal, Triptyque et Paris, Cerf, 262 p., 25$

Dans sa Relation de 1633, le jésuite Paul Le Jeune avait demandé des femmes fortes, des « amazones », pour le Canada : la réponse vint le 1er aoÛ t 1639 avec l'arrivée à Québec de trois ursulines et trois hospitalières. Ces femmes courageuses acceptèrent de plein cœur les privations de la vie canadienne : « nous n'avons que deux petites chambres, écrit Marie de l'Incarnation, qui nous servent de Cuisine, de Réfectoire, de Retraite, de Classe, de Parloir, de Chœur ». Le froid en hiver était indescriptible, le danger des incendies omniprésent. L'indifférence hautaine des jésuites – à l'exception du P. Jérôme Lalement, son directeur – et l'autoritarisme du futur évêque de Québec, Mgr de Laval, vicaire apostolique dès 1659, poussaient les religieuses parfois « à l'extrêmité [sic] de l'obéissance ». Malgréces incommodités et son peu de loisirs, Marie de l'Incarnation trouva le moyen de rédiger des milliers de lettres instructives ainsi que d'autres écrits temporels et spirituels, et Marie Morin réussit à composer ses Annales de l'Hôtel-Dieu de Montréal, éditées par Ghislaine Legendre en 1979 .

Plusieurs chapitres du milieu de l'ouvrage sont consacrés à la « Thérèse du Nouveau Monde », Marie de l'Incarnation, entrée chez les Ursulines de Tours en 1631 avec la ferme intention d'aller au Canada. Elle y passera les trente-trois dernières années de sa vie. Ses descriptions des conditions de vie des colons et de ses relations avec les indigènes sont sans parallèle dans les écrits de la colonie, et sa correspondance spirituelle avec son fils dom Claude Martin rappelle celle de Sor Inés de la Cruz.

Vers la fin du régime français, Elisabeth Bégon, veuve du gouverneur de Trois-Rivières, entre en scène, écrivant des paquets de lettres à son gendre, commissaire en poste à la Nouvelle-Orléans. La lointaine Louisiane figure aussi dans la correspondance de deux ursulines de Rouen, installées à la Nouvelle-Orléans à partir de 1727 . Marie-Madeleine Hachard adresse cinq longues lettres à son père, un notable de Rouen, afin de lui raconter son voyage de cinq mois pour arriver à leur destination, et sa supérieure, Marie Tranchepain de Saint-Augustin, consacre une partie de sa correspondance administrative à l'effort de soustraire sa communauté à l'autorité des Capucins de la région. [End Page 547]

Ce livre, dit l'auteure, « est composé de textes nouveaux et de textes déjà publiés sous forme d'articles de revues ou de chapitres de livres. La plupart des textes ont été remaniés ». Quelques petites inadvertances persistent : Angéline de Montbrun n'est pas « le premier roman canadien-français ». Cependant les citations abondantes et le commentaire perspicace et doucement ironique de Chantal Théry font de ce recueil une bonne initiation à la littérature féminine de la Nouvelle France, dont l'accès aurait été facilité par un index onomastique. L'ouvrage se complète par une bibliographie utile : notons pourtant que deux articles du folkloriste Luc Lacourcière y sont attribués par erreur à l'historien Jacques Lacoursière.

David M. Hayne
Département d'études françaises, Université de Toronto
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