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  • Roman
  • Pierre Karch

Cette année, je constate que quantité d'auteurs de toutes les provinces réussissent à se faire publier ici ou ailleurs. Et ces auteurs viennent de tous les coins du monde. C'est dire jusqu'à quel point ce pays est ouvert et accueillant. Ces lectures m'ont enrichi et diverti. J'espère donner à d'autres le désir de répéter mon expérience.

Boraél

Narration à la première personne, La kermesse étonne comme tout ce qu'a écrit Daniel Poliquin. Il y est question de la guerre de 1914-1918, mais le récit tourne surtout autour du narrateur qui a d'abord connu une mère peu commune et une enfance pas comme les autres. Mais, à bien y penser, la seule chose qui la distingue de tant d'autres mères, c'est qu'elle exagère tout. Poliquin a alors beau jeu quand il fait le procès de la religion et de la morale telles qu'elles ont été enseignées autrefois au Québec. Cela n'empêchait en rien que l'on fasse l'amour sous toutes ses formes. Il est même question de masochisme. Le frère Isidore, « un grand sec au visage enlaidi par l'austérité », demande à un jeune étudiant de lui donner le fouet. On pense aussitôt au frère Crapulus d'Une saison dans la vie d'Emmanuel. La différence, c'est que le jeune héros de Marie-Claire Blais se sauve sans suivre l'ordre qu'on lui a donné. Voici comment le narrateur de La kermesse résume la scène : « Le frère Isidore ne savait pas 0 que Rodrigue était d'une famille d'hommes forts [. . .]. Alors [Rodrigue] avait fait comme le frère avait dit. Au premier coup, le frère était tombé la [End Page 456] face contre terre, il avait lâché un cri de mort au deuxième [. . .]. Rodrigue avait eu peur du sang qui pissait sur les murs et le lit ». L'humour de Poliquin rend drô les les scènes les plus macabres, celles qui ont lieu au front. Le roman se termine sur une note positive, même si l'espoir est bien mince. Récit bien mené, très vivant, écrit par un perfectionniste.

David

Un jardin en Espagne est le premier roman de Katia Canciani. Pour un coup d'essai, c'est très réussi. Deux récits parallèles, l'un raconté à la troisième personne (« Elle semblait avoir marché doucement, depuis toujours, jusqu'à ces jardins, foulant de ses pas légers la terre espagnole »), l'autre à la première (« J'avançais émue. Ce lieu m'habitait depuis des années »). La narratrice y raconte l'histoire d'un lieu, le « fameux jardin du Généralife, joyau de l'art hispano-arabe habituelle-ment occulté par la présence de l'imposante forteresse médiévale sise à cô té, l'Alhambra », et la visite qu'y fait une femme. Vers le milieu de chaque chapitre, dont tous les titres renvoient à l'espace (« Accès au Palais », « Cour d'entrée du Palais », « Cour du Canal », « Mirador », etc.), la seconde narratrice raconte son passé depuis la rencontre de ses grands-parents jusqu'à la mort de l'homme qu'elle a aimé. À la fin, le regard, toujours porté sur le « jardin », se tourne vers l'avenir : « Le son des fontaines du Généralife emplit le studio. Je donnai le premier coup. Ce jour-là, et tous les suivants, je peignis. Abreuvée de décennies d'émotions, j'avais maintenant soif d'exprimer toute ma vie de femme sur la toile ».

« La femme-homme me mystifiait. Je rêvais d'elle fréquemment ». C'est ainsi que le narrateur, Jean Courtemanche, décrit ce qu'il ressentait, quarante ans auparavant, le temps de l'action du troisiè me roman de Simone Piuze, La femme-homme. Il avait alors seize ans; Martha Lupien en avait quarante-deux. Il apprend d'elle, au cours de ses vacances d'été, le tango et les « plaisirs de la lecture, surtout des œuvres traitant de philosophie et de...

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