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Nineteenth Century French Studies 30.3 & 4 (2002) 408-410



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Book Review

Voyage en Orient


Moussa, Sarga, éd. Alphonse de Lamartine. Voyage en Orient. Paris: Honoré Champion, 2000. Pp. 778. ISBN 2-7453-0186-1

"Ceci n'est pas un livre," déclare Lamartine dans l'Avertissement sur lequel s'ouvre son Voyage en Orient, "ni un voyage" (43). Publié en 1835 sous le titre Impressions, souvenirs, pensées et paysages pendant un voyage en Orient, 1832-1833, ou Notes d'un voyageur, devenu Voyage en Orient dès 1841, le récit marque, de fait, l'un des grands moments du genre. L'ouvrage était accessible, jusqu'à la publication dont il est ici question, dans les versions qui en furent publiées tout au long du 19e siècle, la dernière édition (à l'exception d'une imparfaite réimpression de 1978) datant de 1914. Il était donc temps de s'atteler à une tâche certes difficile, mais rendue d'autant plus urgente que l'œuvre de Lamartine a récemment fait l'objet de riches travaux critiques. Grâce à Sarga Moussa, la collection "Textes de littérature moderne et contemporaine" ajoute à son catalogue une édition du Voyage présentée et annotée par l'un des meilleurs lecteurs du genre, un spécialiste dont les précédents travaux critiques et éditoriaux s'appuient sur l'érudition et la finesse d'analyse. C'est avec une même intelligence qu'a été préparée cette édition du Voyage en Orient.

Sarga Moussa attribue les raisons de l'oubli éditorial auquel il remédie ici à la prééminence qui fut longtemps accordée au Lamartine poète sur le Lamartine prosateur. Et pourtant ce volume démontre combien l'écrivain voyageur sait rivaliser avec Chateaubriand non seulement sur les plans personnels et politiques, comme le démontre le dialogue que Lamartine établit avec son prédécesseur tout au long de l'ouvrage, mais aussi et surtout sur le plan stylistique. Situant le Voyage dans les contextes littéraires et politiques qui marquèrent la carrière de Lamartine, Moussa suit dans son introduction au texte (7-31) les traces de ce "désir d'Orient" (9), de la correspondance des années 1820 jusqu'aux lectures de la Bible faites par la mère à son [End Page 408] enfant. Outre ses dimensions religieuses, biographiques et politiques, le Voyage, nous rappelle Moussa, dialogue avec divers modes d'écriture (science et subjectivité) et invoque une expérience de la nature fondée poétiquement dans le "désir lamartinien de plénitude harmonique" (17). Le critique s'attarde sur deux moments cruciaux du récit: la rencontre avec lady Stanhope, présentée avec raison comme l'emblème d'une "hétérodoxie" lamartinienne définie en partie par un "christianisme rationnel" de nature subversive (l'ouvrage fut mis à l'index en 1836); puis, au cœur d'un récit rêvant "une possible fusion de l'Orient et de l'Occident" (27), la déchirure, la mort de Julia, fille adorée dont les états de santé avaient ponctué la narration jusqu'à sa tragique interruption, et le silence de quatre mois qui s'ensuivit.

Dans sa "Notice" (33-35) Moussa précise avoir travaillé à partir de l'édition originale du Voyage (il en reproduit d'ailleurs l'index et les cartes, éliminées après 1835). Les variantes les plus significatives des éditions ultérieures sont signalées en notes, en particulier celles que s'imposa Lamartine pour les rééditions de son vivant. Les autres outils majeurs de ce travail critique sont les carnets de voyage édités par Lotfy Fam (Nizet, 1959), le manuscrit de la Bibliothèque de Mâcon pour la deuxième moitié du texte, ou encore le manuscrit arabe du récit de Fatalla (BNF). En sus du texte modernisé (orthographe, ponctuation, accents), Moussa nous offre en notes un appareil critique d'une richesse exceptionnelle. Si elles sont rares sous la plume de Lamartine, celles du critique, nombreuses, n'étouffent jamais le...

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