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Reviewed by:
  • The Catholic Origins of Quebec’s Quiet Revolution, 1931–1970
  • Dominique Marquis
The Catholic Origins of Quebec’s Quiet Revolution, 1931–1970. Michael Gauvreau. Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2005, xiv-501 p., 29,95 $

Dans cet ouvrage, Michael Gauvreau invite ses lecteurs à jeter un regard neuf sur les années 1930 à 1970, années qui auraient été marquées par une révolution socioculturelle au Québec. C’est la première fois qu’une étude historique publiée en anglais aborde en profondeur la question des relations entre la religion catholique et la société civile dans un Québec qui est peut-être encore trop souvent perçu comme écrasé sous le manteau de la « grande noirceur ». Chez les francophones toutefois, plusieurs travaux ont déjà ouvert la voie à ces réflexions : E.-Martin Meunier et Jean-Phillipe Warren (2002), Louise Bienvenue (2003) et Lucie Piché (2003) ont montré comment les mouvements d’action catholique, nés dans les années 1930, ont engagé des réflexions sociales importantes qui se sont finalement incarnées dans une action politique avec l’élection du Parti libéral du Québec en 1960.

Michael Gauvreau ne vise pas tout à fait le même objectif : il veut redonner à la religion catholique la place qui lui revient dans l’édification d’un Québec moderne. Il se questionne sur la nature même de la Révolution tranquille : plutôt qu’un projet de sécularisation [End Page 103] de la société québécoise forgé par une élite politique, ne seraitce pas davantage une transformation culturelle dont l’objectif aurait été de modifier, afin de les renforcer, les liens entre la religion catholique et la société québécoise (p. 4–5)? Il s’oppose ainsi à deux courants majeurs de l’historiographie québécoise : le courant « libéral orthodoxe » et le courant révisionniste. Ces deux courants ont principalement utilisé les sources émanant du courant élitiste de l’Action catholique (notamment les activistes qui gravitent autour de la revue Cité libre) qui craignait qu’une religion plus sensible à l’identité des classes ouvrières et des femmes ne provoque un nivellement culturel où les valeurs américaines finiraient par dominer. Ces élites ont aussi étendu leur critique au gouvernement Duplessis dont le conservatisme a été étroitement associé au clergé catholique. Gauvreau veut démontrer que cette vision fausse la compréhension de l’évolution de la société québécoise de l’époque. Il propose une étude plus nuancée où, pour déterminer les origines de la Révolution tranquille, la religion et la culture s’avèrent plus importantes que les changements économiques et structurels.

Pour réaliser son ambitieux projet, il a fouillé les nombreuses sources des mouvements d’action catholique : les différents groupes comme la Jeunesse étudiante catholique, la Jeunesse ouvrière catholique ou le Service de préparation au mariages et les revues d’idées (Cité libre, Cahiers d’action catholique, Maintenant . . .) qui ont durant toutes ces années alimenté le débat entourant les rôles de l’Église, de l’État, de la famille et de l’individu dans la société. Les nombreux documents déposés devant les commissions Parent et Dumont ont aussi été dépouillés. Il inclut aussi des publications du Mouvement laïque de langue française, dont les intérêts sont opposés à ceux des groupes catholiques.

L’ouvrage est divisé en sept très longs chapitres qui présentent de manière chronologique et thématique la démonstration de l’auteur. Le premier chapitre présente la principale tension qui serait à l’origine de la Révolution tranquille : le conflit intergénérationnel, ou les différends entre les jeunes des années 1930 et leurs parents concernant la religion. Pour la première fois dans l’histoire du Québec, les jeunes rejettent le catholicisme de leurs parents qu’ils jugent trop individualiste et revendiquent une religion plus dynamique, plus moderne, plus ouverte sur la communauté.

Les chapitres suivants abordent tour à tour la position des élites laïques sur la...

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