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<Nineteenth Century French Studies 30.1&2 (2001) 161-164



Book Review

Province Paris. Topographies littéraires du XIXe siècle


Province Paris. Topographies littéraires du XIXe siècle. Textes réunis par Amélie Djourachkovitch et Yvan Leclerc. Rouen: Publications de l'Université de Rouen, 2000. Pp. 447. ISBN 2-87775-288-7

Cet épais volume marque l'aboutissement d'un colloque qui s'est tenu à Rouen en mars 1999; il faut louer la diligence des éditeurs (Amélie Djourachkovitch et Yvan Leclerc), qui rompt avec la tradition, hélas convenue, selon laquelle les actes d'un colloque ne pourraient être publiés que des années après l'événement, quand tout le monde l'a oublié. Centré sur les relations Province - Paris dans la littérature française du XIXe siècle, cet ouvrage, tâche de bâtir une "topographie littéraire" (couverture) ou des "topographies littéraires" (page de titre) montrant que les deux espaces sont liés par des systèmes d'opposition et de complémentarité et deviennent des lieux mythiques structurés par des trajets de l'un à l'autre. L'argument s'organise en deux parties. La première, "Figures de France(s)," est articulée autour du récit balzacien (avant Balzac, Balzac, après Balzac), après deux études historiques qui rappellent que la dichotomie Paris - Province est loin d'être nouvelle au XIXe siècle et loin de s'y cloisonner. La seconde partie ("Normandismes") se concentre sur l'exemple normand. Une brève postface (431-34) est suivie de pages d'anthologie qui clôturent le volume (435-43), contenant divers extraits (Michelet, Nisard, Flaubert, Bourdieu, etc.) et surtout les articles "Province" et "Provincial" du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse, finalement accompagnés d'une page de "Repères bibliographiques" succincts (444). Ajoutons que le volume renferme onze illus-trations, certains dessins de Huard, datant du début du XXe siècle, étant très éloquents - et d'ailleurs hilarants (voir en particulier les pages 42 et 58). Après un article où Brigitte Louichon décrit le lieu provincial dans le roman sentimental (43-55) apparaît le moment balzacien. Nicole Mozet (59-71) rappelle tout d'abord que la province balzacienne ne s'oppose pas systématiquement à Paris. Nathalie Solomon (73-82) s'intéresse ensuite aux parcours dans l'espace Paris - Province et, à partir de l'exemple du Cabinet des Antiques, démontre de manière particulièrement convaincante qu'ils s'associent à une opposition temporelle (passé / [End Page 161] présent) tandis que les personnages "subissent des transformations significatives et parfois étrangement réversibles entre Paris et province" (79; voir les excellentes pages 79-82). Dans Béatrix (Isabelle Durand-Le Guern, 83-96) la représentation d'une Bretagne encore médiévale répète les signes de l'immobilité. Enfin, Patrick Berthier (97-110) revient sur le problème des subdivisions qui organisent La Comédie humaine avec l'exemple de Pierrette.

Mais la bipolarité Province - Paris n'est pas si rigide qu'il semble; la dernière section de cette première partie s'interroge ainsi sur ses "ambivalences" à partir d'auteurs variés: Nerval (Valérie Dupuy, 145-58), Daudet (Françoise Court Perez, 207-29; c'est l'un des rares exemples de province méridionale dans ce volume fort nordique), Champfleury (Alain Montandon, 231-50), Zola (Colette Becker, 251-60), Eugène Le Roy (Francis Lacoste, 261-69); Michel Beniamino (271-91) décrit même le cas de la littérature de la Réunion, qui s'est constamment pensée comme "provinciale," ce qui justifie l'introduction du concept d'hyperprovince. Dans ces parcours aux facettes multiples et inégales, on retiendra surtout les excellentes études de Philippe Dufour, Yves Ansel et Stéphanie Champeau. Empruntant ses exemples à Balzac, Stendhal et Flaubert, Ph. Dufour (113-30) se situe sur le plan d'une rhétorique de l'ambivalence en étudiant la langue, langue...

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