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Nineteenth Century French Studies 29.3&4 (2001) 354-356



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Book Review

Le Papegai et le papelard dans "Un Cœur simple" de Gustave Flaubert


Le Juez, Brigitte. Le Papegai et le papelard dans "Un Cœur simple" de Gustave Flaubert. Amsterdam, Atlanta GA, Rodopi, Faux titre n°170, 1999. Pp. 128. ISBN 90-420-0746-X

Ce ne sont pas le bêtes qui manquent chez Flaubert: des singes des œuvres de jeunesse et des lions de Salammbô aux massacres de Saint Julien, en passant par les défilés de La Tentation, les merveilleux chevaux d'Hérodias et les animaux puissants ou serviles des Comices de Madame Bovary, la basse cour flaubertienne (si l'on peut dire) est omniprésente. La seule exception, c'est sans doute l'Education sentimentale (et on se demande bien pourquoi). Quoi qu'il en soit, si on veut tout savoir sur le perroquet de Félicité, ses ramifications et ses ramages, il faudra désormais consulter l'ouvrage de Brigitte Le Juez. Cette étude incontournable, aussi exhaustive qu'on peut l'être, réunit une immense et impressionnante documentation. C'est seulement [End Page 354] dommage que le titre "dans le vent" qu'elle a choisi (si c'est bien elle) ne permette pas d'en entrevoir toute l'envergure.

Le Juez nous propose des aperçus originaux Sur Un Cœur simple à la lumière desquels une nouvelle unité se fait jour: unité interne visuelle, par exemple, grâce à la circulation des couleurs, même s'il faut tenir compte des couleurs qu'on trouve "naturellement" dans la nature (78-80) - unité externe, grâce au rapport de l'écriture à la peinture (86).

Unité intratextuelle, également, par la récurrence insoupçonnée (de moi en tout cas) de perroquets un peu partout dans l'œuvre de Flaubert (voir 94). Cette récurrence instaure une thématique religieuse (8), qui reproduit les grands motifs de la mythologie chrétienne (59), mariale, et hagiographique (22-23), sans oublier le motif religieux (toujours à la mode, celui-là) de la vache enragée, ni la dimension essentiellement moderne de ces choses (21).

D'autres éléments s'agglutinent autour de ces motifs: le discours surnaturel (11), magique, "conte de fées" (8-9) qui parcourt le conte d'un bout à l'autre - et qui problématise ironiquement la tonalité religieuse, chrétienne à laquelle il se mêle - comme, d'ailleurs, la parole mécanique, "psittacique" (qui ne concerne pas que Félicité et son oiseau) et les problèmes d'identité qu'elle fait surgir (104, 115).

L'ouvrage Le Juez doit sa richesse à de tels aperçus, renforcés par la circulation, d'une œuvre à l'autre, de motifs associés, des premiers écrits à Par les champs et par les grèves et à Madame Bovary (on pense à l'orgue de barbarie 55), dont l'écriture coïncide, on se le rappelle, avec la conception originale du conte.

Cette étude est donc à la fois un essai critique et une somme - et je ne perds pas sa grande utilité de vue en formulant (compte-rendu oblige) un certain nombre de réserves.

Ainsi, je me demande si Le Juez n'a pas essayé d'en faire trop, si l'avalanche de faits et d'analyses qu'elle fait défiler sous nos yeux ne trouble pas en somme la focalisation générale de son travail. Parfois, on ne sait pas à quel niveau se situer. Car il y a trois manières de lire (au moins), toutes imbriquées les unes dans les autres: il y a celle qui fonde l'unité sur un relevé "objectif" de "faits de texte"; et puis il y a la lecture-réception subjective: ma lecture, validée par ma personnalité, mon horizon d'attente, ma personnalité, mes valeurs, ma culture; et finalement, il y a des lectures qui ne donnent pas forcément le sens du texte, mais qui l'intègrent dans le milieu culturel, historique, mythique, narrationnel, o&ugrave...

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