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  • Écritures de l'histoire (XIVe-XVIe siècle): actes du colloque du Centre Montaigne. Bordeaux, 19-21 septembre 2002
  • Jean-Claude MüHlethaler
Écritures de l'histoire (XIVe-XVIe siècle): actes du colloque du Centre Montaigne. Bordeaux, 19-21 septembre 2002. Réunis et édités par Danielle Bohler et Catherine Magnien Simonin. (Travaux d'Humanisme et de Renaissance, 406). Geneva, Droz, 2005. 565 pp., 4 ills.

Fruit d'un colloque interdisciplinaire, Écritures de l'histoire réunit les contributions dues à la plume d'historiens et de littéraires. L'imposant recueil invite à remettre en question le cloisonnement auquel nous a habitués la spécialisation dans la recherche. La période envisagée englobe à la fois le Moyen Âge et la Renaissance; il est question aussi bien de la France, de l'Italie que de la Bourgogne. Saluons ici cette volonté d'ouverture! L'ouvrage comporte trois parties. Dans la première, 'Aux sources', sont regroupés: un article étudiant l'événement qui a fait naître le désir d'écrire chez des auteurs du XVIe siècle (Ken Keffer), des articles où , plus classiquement, est examiné l'apport de la tradition, qu'il s'agisse de l'héritage antique (Philippe Desan; Rosanna Gorris; Bruna Conconi), de l'influence d'auteurs médiévaux (Mireille Chazan) ou italiens comme Boccace. Le travail de Jean Miélot, remanieur de Christine de Pizan et traducteur de la Genealogia, permet à Anne Schoysman de dégager l'importance de la mythologie dans l'histoire des nations européennes: en France et en Bourgogne, la fabula est porteuse de vérité historique! La constatation annonce la problématique traitée dans la seconde partie, 'Au pupitre': on s'y penche sur l'influence des modèles littéraires, notamment sur les liens de l'historiographie avec le lyrisme (Claude Thiry), le roman (Estelle Doudet; Daniel Ménager), la tragédie (Jacqueline Boucher). Commynes, lui, se distingue par un refus de l'artifice rhétorique: au-delà du bien-fondéde la lecture proposée par Jean Dufournet, on se demandera pourquoi celui-ci passe sous silence l'étude de Joë l Blanchard, Commynes l'Européen (1996, chapitre sur la 'langue en liberté'), et ceci dans un recueil qui, en général, cherche le débat et se caractérise par d'importantes notes.

La troisième partie, 'Au combat', réunit des articles qui touchent à la politique de Charles le Téméraire (Élodie Lecuppre-Desjardins), à la Guerre de Cent Ans (Jean-Marie Moeglin) ainsi qu'aux conflits religieux (Hugues Daussy; Jean-Claude Laborie), tels qu'ils se reflètent dans les mémoires ou les feuilles volantes (Amy Graves). En temps de crise, les écrits tendent volontiers au pamphlet: l'écriture historique des jésuites véhicule une intention politique (Jean-Claude Laborie) et le Theatre des Cruautez des Hereticques de nostre temps recourt à l'illustration pour dénoncer les horreurs commises par les huguenots (Frank Lestringant), répondant à la violence des faits par la violence de l'engagement. La richesse même de l'ouvrage rendait nécessaire la présence d'un index détaillé. On y voit émerger des noms d'auteurs (Chastelain, Lemaire, Machiavel, Molinet, Tacite, Tite-Live), des figures historiques aussi (Charles IX, Godefroy de Bouillon, Henri IV, Philippe le Bon), qui ont plus souvent retenu l'attention et à travers lesquelles se tissent des liens entre les articles. Un des intérêts majeurs du recueil sont les changements d'éclairage qu'il offre et, surtout, les incitations à penser l'historiographie dans la [End Page 497] double perspective de son ancrage référentiel (Élisabeth Gaucher) et de ses dettes face aux autres modes d'écriture.

Jean-Claude MüHlethaler
Université de Lausanne
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