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  • Histoire d'un procédé de style: la dislocation (XII-XVIIe siècles)
  • Sophie Marnette
Histoire d'un procédé de style: la dislocation (XII-XVIIe siècles). By Cendrine Pagani-Naudet. Paris, Champion, 2005. 285 pp. Hb €45.00.

L'introduction passe en revue diverses approches stylistiques et linguistiques de la dislocation en français, qu'elles soient synchroniques ou diachroniques. L'auteure y souligne que ces études concernent surtout la dislocation d'un groupe nominal repris par un pronom personnel (par exemple, cette lettre, je ne l'ai jamais reçue, exemple tiréde Bally) mais qu'en fait 'en français contemporain la dislocation renvoie à un ensemble hétérogène dont l'unité reste à démontrer' (p. 17). Elle regrette que la dislocation tende à êtreétudiée comme phénomène syntaxique dans des exemples construits ou dans la langue parlée aux dépens de sa dimension stylistique et de son emploi dans la langue littéraire, qui remontent aux premiers textes franç ais. Pour y remédier, elle examine la dislocation dans un corpus d'une trentaine d'œuvres littéraires antérieurs à 1700. L'auteure envisage la dislocation comme une structure pléonastique qui, dans la langue écrite contemporaine, s'utilise de manière délibérée soit pour exprimer un procédé de style, soit pour imiter la 'déviance' (sic) propre à la langue parlée. La première partie du livre montre qu'un lecteur moderne pourrait interpréter comme délibéré ment redondantes des structures syntaxiques qui n'était pas nécessairement perçues comme telles dans la langue du Moyen Âge ou de la Renaissance. La deuxième partie du livre met en doute le caractère oral de la dislocation. L'auteure rappelle que les œuvres littéraires médiévales ne sauraient refléter la langue parlée de l'époque, et ce même pour le genre théâtral ou pour les paroles des personnages dans les textes narratifs. Selon elle, la dislocation, tournure somme toute banale en ancien français, ne commence à être perçue comme répétitive et donc maladroite et fautive qu'à partir du dix-septiè me siècle, qui rejette aussi bien ce type de pléonasme syntaxique que le pléonasme lexical (par exemple, sain et sauf). Ce n'est donc qu'à ce moment que la tournure acquiert une valeur stylistique particulière (notamment celle d'imitation de la langue parlée) même si peu de grammairiens classiques en parlent explicitement. La troisième partie envisage les problèmes d'interprétation de la dislocation dans les textes littéraires et lie certains types de dislocation à certains genres littéraires, par exemple la dislocation à droite (apparentée à l'apposition) aux contextes lyriques. Le livre finit par une courte conclusion, une bibliographie thématique et les index des titres et auteurs cités. Cet œvrage est fort intéressant car il offre d'excellents exemples de dislocations dans les textes anciens mais sa densitéen rend la lecture parfois difficile et on se perd facilement dans les méandres d'une réflexion qui n'indique pas toujours clairement sa direction (particulièrement dans la première partie). Ce n'est que dans la troisième partie qu'on comprend plus ou moins explicitement ce que l'auteure considère comme relevant du phénomène de la dislocation. On regrettera l'absence de tableaux réapitulatifs des divers types d'occurrences de dislocation dans les textes étudiés. Enfin, le corpus n'offre que deux œuvres pour le dix-septième siècle, toutes deux d'Honoré d'Urfé, ce qui semble peu étant donné l'importance que [End Page 567] l'auteure attribue à cette période pour la réinterprétation des valeurs de la dislocation.

Sophie Marnette
Balliol College, University of Oxford
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