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Reviewed by:
  • Correspondances
  • Maryline Lukacher
Lorrain, Jean . Correspondances, édition établie, présentée et annotée par Jean de Palacio . Paris: Honoré Champion, 2006. Pp. 241. ISBN 2-7453-1388-6.

Sur l'arrière-fond des différentes correspondances de Jean Lorrain, Jean de Palacio adopte une méthode nouvelle; livrer les cent quatre-vingt-quinze lettres qui s'étalent de 1883 à 1906 dans un ordre chronologique ininterrompu. Jusque-là, de Palacio note que: "les lettres paraissent en ordre dispersé, soit regroupées autour d'un destinataire [. . .] soit à la pièce ou par petits ensembles; autant dire au hasard" (7). Dans cet écart de vingt trois ans, de Palacio montre l'importance que prennent ces lettres désormais appartenant à l'histoire littéraire, et qui jettent un éclairage nouveau sur Lorrain et ses contemporains, révèlant aussi des qualités spécifiques de l'écriture épistolaire (du propos léger à l'épigramme, de l'ironie mondaine à la satire sociale).

Si Lorrain est parfaitement à l'aise dans la forme épistolaire; qu'il s'agisse d'une banale invitation à dîner ou de confession plus personnelle: "Je suis rongé de neurasthénie que m'enfermer, entrer dans [un] salon m'effare et m'oppresse" (175), il appartient aussi, selon de Palacio, à la grande tradition des anciens épistoliers, mêlant prose et vers: "un sonnet à Henry Bauër, un quatrain à Judith Gautier, deux vers d'une Chanson du temps de nos grands-mères à Paul Escudier" (9).

Dans la Préface, de Palacio divise la correspondance de Lorrain en plusieurs catégories: lettres isolées à des correspondants tels que Joris-Karl Huysmans, Jules Bois, Remy de Goncourt, Alphonse Allais, Albert Samain, Catulle Mendès pour n'en citer que quelques-uns, lettres constituant une correspondance suivie; les trente cinq lettres adressées à Maurice Barrès entre 1885 et 1895 et recouvrant la même période de temps que les cinquante sept lettres envoyées à Rachilde.

Jean de Palacio souligne avec raison que la complicité littéraire qui lie Lorrain et Rachilde se manifeste souvent de façon humoristique. Ainsi Lorrain demandant à Rachilde, en 1886, une dédicace: "Cette Marquise de Sade m'est dédiée, j'espère, en revanche, je vous dédierai mes contes pour les hommes!" [End Page 177] (60), allusion aux cartes de visite de Rachilde ainsi concues: Rachilde, homme de lettres.

C'est autour de Maurice Barrès que se resserrent encore tous ces liens amicaux et littéraires; Rachilde demandant une préface à Barrès pour son premier roman Monsieur Vénus (1884), et Lorrain remerciant Barrès pour sa préface à La Petite Classe (1895): "Que la petite classe vous est donc reconnaissante de la jolie définition que vous avez bien voulu en donner" (134). Or, l'allusion à la préface de Barrès est éclairée par la citation que de Palacio donne en note. C'est en fait toute la correspondance de Lorrain que de Palacio enrichit de notes et de citations, nous donnant de précieux détails sur les publications, les scandales et les procès de l'époque.

Ainsi de Palacio documente-t-il la légende de la condamnation de Lorrain en justice, établissant le désistement de Mme Nelly Jacquemont et l'abandon de la peine encourue par Lorrain (#2 188–89). Ou encore donne-t-il une longue citation expliquant l'anecdote racontée à Stuart Merrill par Lorrain où celui-ci décrit sa rencontre à Ajaccio avec le sosie d'Oscar Wilde, mort deux mois auparavant. La Chronique "Lui!" citée par de Palacio rend compte de cette apparition et conclut: "Sosie n'était pas plus Sosie; une jeune femme accompagnait le faux Oscar" (#1 200). La note explique aussi la place tenue alors par Wilde à Londres et à Paris, et la sympathie éprouvée par Lorrain à son égard.

Enfin il y a les lettres à Liane de Pougy que de Palacio met dans un registre épistolaire plus intime où Lorrain se livre à cœur ouvert à Lianon, comme il l'appelle: "La vie est difficile, ô Lianon, et la gloire est un cigare que l'on fume à rebours, on se brûle les lèvres à la...

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