Stendhal et le style (review)

Rassemblant des spécialistes stendhaliens des domaines littéraire, stylistique et linguiste, cet ouvrage affiche une ambition double: étudier et le style de Stendhal et les considérations de Stendhal sur le style. Cette approche originale invite d'une part les participants à définir des paramètres contextuels nécessaires à la compréhension de la nature ou l'essence du style chez Stendhal. Signalons ici les études sur l'acception du mot style au début du XIX^e siècle (Vouilloux), sur la valeur politique inhérente au style d'après Stendhal (Ansel) ou encore sur le rôle du narrateur et du lecteur dans la perspective d'une pragmatique du style (Philippe). Les auteurs nuancent d'autre part certains lieux communs de la critique stendhalienne, par exemple en soulignant le travail logique et le calcul nécessaires à la fameuse création improvisatrice de Stendhal (Neefs) ou en suggérant la possible fonction d'une réticence poétique (et non simplement elliptique) de sonécriture (Hamm). Malgré la diversité des contributions, la quasi-totalité des contributions obé it à la ferme déclaration par Éric Bordas dans sa présentation concise de l'ouvrage: 'Un écrivain, c'est d'abord du texte; un texte, c'est d'abord de la langue'. On appréciera cette délimitation du problème que pose ce mot-piège de style: outre que de définir sa portée essentielle, la concentration fait de l'ouvrage une base importante pour toute étude s'interrogeant sur l'écriture stendhalienne, même dans une perspective autre que celle proprement stylistique. Parmi les pistes à explorer à la suite de cet ouvrage, on pourrait envisager des applications précises sur la façon dont la contextualisation importante se fait textualisation dans l'oeuvre de Stendhal. En restant dans l'oeuvre stendhalienne, mentionnons aussi l'épineuse problématique des rapports possibles entre le microniveau et le macroniveau. Du mot à la phrase, de la phrase jusqu'au texte: il est sans doute possible d'élargir encore l'étude stylistique, non pas pour revenir en arrière sur l'idée que 'le style, c'est l'homme', mais pour suggérer que 'le style, c'est le sens'. L'analyse rhétorique du simple mot et, dont l'emploi local de Stendhal semble refléter la composition globale de ses récits (Kliebenstein) et les analyses précises des effets de l'image-temps chez Stendhal (Vanoosthuyse) semblent à cet égard constituer des études particulièrement fructueuses. Pour cette recherche à venir, Stendhal et le style s'imposera sans doute comme un ouvrage de référence, non seulement par la qualité et la variété des contributions, mais encore grâce à sa forme didactique: les communications, précédées par une contextualisation de l'épistémologie du langage au début du XIX^e siècle, sont subdivisées en quatre parties ('Héritages', 'Genèse', 'Pratiques' et 'Statuts') commençant chacune par une brève introduction, et on retrouve également des résumés à la fin de l'ouvrage. Les éditeurs présentent aussi une bibliographie générale pour les oeuvres citées et incluent deux index exhaustifs, pour les noms propres et pour les notions.