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  • Le Libertinage et l’histoire: politique de la séduction à la fin de l’Ancien régime SVEC 2005:11
  • Jean-Pierre Dubost (bio)
Stéphanie Genand. Le Libertinage et l’histoire: politique de la séduction à la fin de l’Ancien régime SVEC 2005:11. Oxford: Voltaire Foundation, 2005. 277pp. £50;€76;US$101. ISBN 978-0-7294-0867-7.

Les recherches menées sur la littérature libertine ne cessent de progresser et de livrer de nouvelles perspectives sur la base d'enquêtes renouvelées. De toute évidence, la complexité de son analyse fait de plus en plus l'objet de mises au point et le besoin d'avancer dans l'exploration de toutes ses facettes suscite sans cesse de nouveaux réajustements. Le livre de Stéphanie Genand consacré à une réévaluation des rapports entre l'histoire et la fiction libertine à la fin du XVIIIe siècle, Le Libertinage et l'histoire: politique de la séduction à la fin de l'Ancien régime, manifeste une fois de plus la nécessité de dégager, au terme d'explorations nouvelles et de questionnements originaux, des aspects trop négligés voire refoulés de la recherche. Le titre de l'ouvrage en laisse entendre la double ambition: réévaluer d'une part la fiction libertine en rapport avec les changements historiques d'une part, apporter des éléments nouveaux à la réflexion en cours sur la nature insaisissable et fuyante du libertinage d'autre part. L'hypothèse de travail qui fait le cœur de la problématique oppose de manière à la fois pertinente, mais peut-être aussi trop générale, un « modèle libertin » considéré comme « neutre » (29) à ses transformations à la fin du XVIIIe siècle. C'est sur cette période, et plus précisément sur les deux dernières décennies du XVIIIe siècle, à ce moment donc décisif de l'histoire où tous les paradigmes vacillent, que Genand mène essentiellement son enquête, dont le point de départ méthodique et le point d'arrivée reposent sur la conviction qu'à la fin du siècle les romans d'inspiration libertine témoignent d'une « préoccupation historique: comment désigner la fin du siècle dont ils sont les témoins » (29). Afin de mieux appuyer ses hypothèses de lecture, Genand arrache à l'oubli un certain nombre d'auteurs comme le marquis de Luchet, Pierre Blanchard, Joseph de Mémieux et d'autres, ainsi que des œuvres anonymes guère plus connues comme par exemple Adoulzin ou les dangers d'une mauvaise éducation (1787), en choisissant délibérément de les traiter à égalité [End Page 471] avec les auteurs et les œuvres, anonymes ou non, les plus paradigmatiques de l'époque—pamphlets révolutionnaires d'inspiration libertine inclus. On note donc clairement la volonté de balayer le plus largement possible le champ littéraire des vingt dernières années, des Liaisons dangereuses de Laclos à l'Histoire de Juliette de Sade. L'élargissement du champ d'analyse se double d'une égalité de traitement délibérée de tous les textes pris en compte, quelles que soient les différences de qualité, d'intention ou de stratégie de leur écriture. Des œuvres anonymes oubliées et des auteurs très peu connus sont donc par principe traités au même titre que les œuvres marquantes de ces vingt dernières années, toutes tendances confondues, qu'il s'agisse de celles de Mirabeau, Nerciat, Loaisel de Tréogate, Nougaret, de la Solle, Rétif, Sénac de Meilhan ou d'autres—ou encore d'œuvres anonymes désormais clairement repérées pour leur valeur paradigmatique, comme par exemple La cauchoise, Les quarante manières de foutre ou L'enfant du bordel . Il en résulte une enquête très riche et même foisonnante.

On ne peut que rendre hommage à cette volonté de réveiller la réflexion par un élargissement du corpus, sans lequel en effet les rapports entre libertinage et histoire ne seraient abordés que de mani...

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