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Reviewed by:
  • Proust au tournant des siècles
  • Nathalie Aubert
Proust au tournant des siècles, 2. Textes réunis par Bernard Brun et Juliette Hassine. (Marcel Proust, 5). Paris, Minard, 2005. 297 pp. Pb €32.00.

Ce volume présente une série de textes issus d'un colloque international intitulé , Proust au tournant des siècles, qui a eu lieu à l'Université de Bar-Ilan en 2001. Ce volume est le second consacré aux actes de ce colloque, le premier ayant été publié en 2004 (voir FS, LIX (2005), 564-65). On y trouve un assemblage d'hypothèses comparatistes qui ouvrent pour certaines des perspectives inédites, comme dans le chapitre sur Proust et Smilansky Yizhar. Certains des textes présentés dans ce volume révèlent des aspects parfois inattendus de la personnalité (grâce notamment à une lettre inédite et non datée de Marcel Proust à Lé on Blum) et de l'art de Proust (la monstruosité , par exemple, dans l'article d'Aude Le RouxKieken). Dans cette perspective, on suit avec intérêt les études de Pyra Wise suggérant, d'une faç on inattendue, des liens entre Legrandin et Rousseau, et celle, moins surprenante peut-être, de Danielle-Claude Bélanger sur une possible intertextualité entre Huysmans et Proust à propos de l'é pisode de la 'petite madeleine' comparé à celui de 'l'orgue à bouche' dans A rebours. Akio Ushiba, dans la mê me veine, met en évidence les liens textuels et thé matiques entre L'Après-midi d'un faune et le sommeil d'Albertine montrant comment les femmes, d'abord objets d'une quê te sensuelle, se transforment progressivement en un instrument d'élévation artistique dans les deux textes. De Proust lecteur on passe à Proust modèle (ou repoussoir) dans le chapitre consacré par Simone Grossman à Gracq. Elle part de la réticence de Gracq à l'égard de Proust exprimée entre autres dans En lisant, en écrivant. Cependant, le rejet de ce que Gracq perç oit comme l'immobilisme [End Page 236] proustien permet à ce dernier de trouver son propre rythme, fait d'ouverture et de mouvement. La phrase proustienne apparaî t ainsi comme l'aulne à laquelle Gracq mesure la réussite de sa propre phrase. En revanche, l'article suivant, consacré à Proust et Pirandello, me semble moins convaincant. Il n'y a en effet pas d'influence déclarée de Proust sur Pirandello, mais des ressemblances thématiques, comme les rapports entre réalité et illusion ou l'être et le paraître, qui peuvent provenir d'autres sources, notamment de la tradition classique des moralistes. La deuxiè me partie du volume s'intéresse à la correspondance des arts. Volker Roloff explore un nouveau concept de lecture critique particulièrement adapté à Proust, l'intermédialité . Partant de la nécessité , lorsqu'on étudie Proust et les arts qui nourrissent son œuvre, d'en repérer la pénétration 'dans le tissu verbal qui réalise la poétique proustienne' (Sophie Bertho), Roloff montre que la Recherche est le lieu d'une tentative 'pour exprimer des figures synesthésiques au-delà de la rationalité du langage'. Kazuyoshi Yoshikawa, dans une étude plus classiquement génétique, a retrouvé dans La Gazette des Beaux-Arts les indices textuels de la présence de Bruegel que Proust a ensuite utilisés dans son propre texte. Hiroya Sakamoto effectue le chemin inverse si on peut dire en replaçant l'ekphrasis du Port de Car-quethuit dans une infra-textualité , montrant, à travers de la métaphore hippique, que le texte proustien génère ses propres représentations. L'intertextualité reste l'approche choisie par Alessandro Grilli qui montre que les comparaisons entre Parsifal de Wagner et la Recherche peuvent aller bien au-delà des motifs macroscopiques, et que les structures symboliques qui sous-tendent le texte proustien ont beaucoup à gagner d'un éclairage intertextuel s'il porte sur l'étude approfondie et minutieuse des textes. L'ouvrage se clôt sur uneétude des sources de l'imaginaire homosexuel en une étude de l'androgyne, thème favori des artistes décadents, et que Proust s'est r...

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