In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Vivre libre et écrire: Anthologie des romancières de la période révolutionnaire (1789–1800)
  • Marie-Laure Girou Swiderski
Huguette Krief, éd. Vivre libre et écrire: Anthologie des romancières de la période révolutionnaire (1789–1800). Oxford/Paris: Voltaire Foundation, 2005. 303pp. £16;€26;US$32. ISBN-13: 978-0-7294-0855-4.

Comme l'indique le sous-titre, ce livre veut offrir un panorama aussi large et représentatif que possible de la production romanesque féminine de cette période charnière entre XVIIIe et XIXe siècles, marquée par les convulsions de la Révolution et l'écroulement de la société d'Ancien Régime. La critique a longtemps boudé la littérature de cette époque, à plus forte raison celle écrite par les femmes. L'initiative d'Huguette Krief est donc la très bienvenue.

Pour illustrer l'importance et les formes très diverses de l'écriture romanesque féminine de ce temps, elle offre au lecteur de larges extraits (une vingtaine de pages en moyenne) d'œuvres s'étalant sur une douzaine d'années. Parmi les romancières retenues, de grands noms, Mme de Staël, Mme de Genlis, Olympe de Gouges et plusieurs auteures longtemps négligées par la critique: Mme de Charrière, Mmes Cottin ou de Souza. Les autres sont de quasi-inconnues, même des spécialistes de l'écriture féminine au XVIIIe siècle. Mmes Giroust de Morency, de Kéralio et Mérard de St Just figurent dans le dictionnaire de la SIEFAR, mais sans notice. Rien, par contre, sur Mme Booser ni sur Élizabeth Brossin de Méré ou Anne Marie de Beaufort d'Hautpoul. Aussi apprécie-t-on la notice précédant chaque extrait. Riche de détails biographiques, elle situe aussi l'œuvre présentée dans la carrière de la romancière.

Après une préface d'Henri Coulet qui replace les textes du recueil dans la littérature de l'époque, l'introduction, riche et bien documentée, rappelle que l'épineuse question de l'écriture féminine est étroitement liée au problème plus vaste de la participation des femmes à la sphère publique qui se posait alors avec une particulière acuité. Le rappel des interdits qui frappent la pratique littéraire féminine est indispensable pour comprendre les caractères de l'écriture romanesque féminine du moment qui doit affronter deux défis de taille: aux réticences traditionnelles viennent s'ajouter les contraintes particulières liées à la conjoncture politique; l'absence d'œuvres durant la Terreur en dit long sur le poids de cette contrainte. Ceci explique aussi l'assez large soumission de ces œuvres aux poncifs de la littérature sensible ou moralisante et le nombre limité des textes vraiment audacieux.

L'introduction dresse aussi un tableau d'ensemble de la production romanesque féminine dans toute la période et le confronte au panorama des genres d'écriture alors permis aux femmes. C'est l'occasion d'évoquer d'autres créatrices non retenues dans l'anthologie. Une chronologie d'ensemble permet enfin de mesurer l'importance quantitative de cette production encore largement ignorée. Notes infrapaginales, courte bibliographie individuelle à la fin de chaque chapitre et bibliographie sélective sur l'écriture féminine au XVIIIe siècle en fin de volume complètent l'apparat critique et font de ce volume un outil de recherche fort appréciable. [End Page 351]

Les romancières retenues diffèrent fort entre elles par leur appartenance sociale, leur âge et le moment de la Révolution où elles écrivent et la place du texte choisi dans leur œuvre. De rang plus ou moins élevé, elles appartiennent toutes du moins à la bonne société, et certaines ont même connu une certaine notoriété (Mme de Staël, Mme de Genlis, Olympe de Gouges).

Les extraits aussi sont d'une grande variété, au niveau des formes: mémoires, roman épistolaire, conte. On y trouve aussi tous les genres: une certaine veine érotique, Illyrine, un roman noir, Le château...

pdf

Share