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Reviewed by:
  • Identités mosaïques. Entretiens sur l’identité culturelle des Québécois juifs
  • Ben-Z. Shek (bio)
Julie Châteauvert et Francis Dupuis-Déri, Identités mosaïques. Entretiens sur l’identité culturelle des Québécois juifs Montréal, Boréal, 2004, 251 p., 22,95$

Ce livre est constitué d'entrevues des auteurs avec onze personnalités juives du Québec (en fait, tous sont des Montréalais, en dépit du sous-titre). On leur pose des questions sur leur perception quant à l'importance relative de leurs divers pôles d'identité, qu'il s'agisse du pays, de la province, du peuple juif, de la religion, de la langue ou de l'idéologie. Il est aussi question de leur vie personnelle, de leurs ménages, de leur manière d'éduquer leurs enfants et de leurs rapports avec la majorité francophone du Québec. L'une des questions principales traite de leur attitude envers le sionisme et Israël.

Les interviewés viennent de différents milieux professionnels et socioculturels : universitaires, travailleurs culturels, fonctionnaires religieux et communautaires. La plupart sont des croyants ou des traditionnalistes, c'est-à-dire qu'ils suivent certains rites religieux. Une femme, Sonia [End Page 152] Zylberberg, fonctionnaire du Musée de l'Holocauste de Montréal, tout en sortant d'un milieu athée, opte pour des pratiques religieuses dites « du renouveau », et qui sont aussi féministes. Mais il y a aussi des non-croyants, dont Devora Neumark, qui conteste implicitement la position du professeur Julien Bauer selon laquelle « [l]'identité juive [...] comprend un centre, l'appartenance à une religion, le judaïsme [...] Seule la présence d'un centre assure la permanence ». Parlant des membres de la Bund socialiste juive, un mouvement athée fondé en Russie et en Pologne en 1897, qui était très influent dans ce dernier pays jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale, Devora Neumark affirme ceci : « Qui peut dire aujourd'hui qu'ils [les bundistes] n'ont pas contribué à façonner l'identité juive et que leur apport est négligeable par rapport à celui des religieux ? »

Les conjoint(e)s de la majorité sont juifs(ves), mais près de la moitié sont mariés (ou l'ont été) à des non-Juifs. Les positions politiques varient aussi : l'un est un ardent fédéraliste (Jack Jedwab, ancien directeur de la section Québec du Congrès juif canadien), tandis qu'un autre, le Sépharade Samuel Cohen, a déjà été candidat du Bloc québécois, et s'affiche ouvertement indépendantiste. (À ce propos, il n'y en a que deux qui sont de cette même origine, la plupart étant d'ascendance ashkenaze, comme la majorité des Québécois juifs.) Il y a aussi un ancien communiste et syndicaliste (Harry Gulkin, fonctionnaire de la sodec, qui a été directeur du Centre Saidye-Bronfman) et trois d'entre eux (Gulkin, la sculpteure Devora Neumark et les professeurs Sherry Simon et Philip Resnick) prennent des positions de gauche vis-à-vis d'Israël, Neumark allant jusqu'à dire ceci : « [...] il n'est pas rare de voir les descendants des victimes de la grande catastrophe originelle [la Shoah] [...] se transformer en bourreaux tout en entretenant une identité de victime [...] ». Et puis d'ajouter : « Si les Juifs prenaient conscience de l'injustice qu'ils font subir aux Palestiniens, ce n'est pas tant leur survie physique qui serait menacée que la survie même de leur mémoire ». (Les deux ultra-orthodoxes du groupe (Alexander Werzberger et Pierre Troin), eux aussi, se distancient des positions sionistes, mais pour des raisons doctrinales religieuses.) Les « gauchistes » relativisent aussi le poids de l'antisémitisme dans l'histoire du Québec, et font montre de bien plus d'ouverture envers la majorité francophone, sa culture et ses aspirations que les autres. En plus, l'une des personnes interviewées, Sherry Simon, fait l'éloge de l'hybridité. Elle avoue qu'elle a « beaucoup de mal à accepter le rapport des institutions juives à la collectivité francophone. Pourquoi avoir insisté autant sur l'alliance avec les anglophones ? La culture juive est de tout temps une culture...

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