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Reviewed by:
  • Le printemps de l’Amérique française. Américanité, anticolonialisme et républicanisme dans le discours politique québécois, 1805–1837
  • Jean-Jacques Defert (bio)
Louis-Georges Harvey, Le printemps de l’Amérique française. Américanité, anticolonialisme et républicanisme dans le discours politique québécois, 1805–1837 Montréal, Boréal, 296 p., 27,95$

Paru en librairie le 23 mars 2005, l'étude intitulée Le printemps de l'Amérique française. Américanité, anticolonialisme et républicanisme dans le discours politique québécois, 1805–1837 de Louis-Georges Harvey, professeur d'histoire à l'Université Bishop de Lennoxville, projette une image élargie des contenus sémantiques du discours politique en intégrant dans sa réflexion sur le penser ontologique de l'individu et du collectif « deux sources déterminantes pour la définition de l'américanité : la diffusion de la presse américaine; l'influence [...] des nombreux imprimés français traitant des États-Unis ». Il poursuit ainsi, dans la veine de l'Histoire sociale des idées au Québec d'Yvan Lamonde (2000), le travail de reconstruction d'une tradition discursive autour des deux axes atlantique et américain. Il s'intègre dans la continuité d'une perspective qui met en exergue non seulement l'héritage philosophique européen, base épistémologique de l'élaboration des modèles sociétaux européens et étatsunien tout autant que les contre-modèles qui seront développés dans le prolongement du siècle notamment par les mouvances socialisantes. [End Page 114]

Citant tour à tour les grands personnages de la pensée qui, de Montesquieu à Voltaire, de John Locke à Benjamin Franklin, Benjamin Constant et Alexis de Tocqueville, peuplent les discussions de la société de l'époque, il se détache toutefois de la perspective plus traditionnellement sociologique pour s'engager dans le domaine de la philosophie politique à une historicisation des représentations de la collectivité nationale. L'image du Québec, « le laboratoire de la démocratie », ainsi qu'il titre une des parties de son chapitre iv sur la République, s'anime et prend forme : celle d'un projet national qui, dans les discours politiques, est articulé autour de questions abstraites fondamentales telles que la/les liberté/s, la nécessité. La question nationale s'organise aussi autour des questions plus concrètes de l'environnement social et notamment de la fonction et de la structure des différentes institutions qui constituent les piliers de ce projet de société : les systèmes bancaire, carcéral, éducatif, le système de répartition des terres et le système de représentation politique.

Louis-Georges Harvey tente de sortir de ce qu'il considère comme étant « le problème de la dichotomie entre libéralisme et le nationalisme, ou celle entre le modernisme et le traditionnalisme » qu'incarne la vision moderniste suivant les « manifestations d'un métarécit à propos du libéralisme construit sur une épistémologie du progrès, métarécit selon lequel l'appropriation de l'idéologie libérale marquerait l'entrée plus ou moins précoce de la nation dans la modernité ». Il prend donc ses distances avec une perspective libérale, discours aux accents monolithiques, qui tend à effacer les fondements essentiels d'une dialectique d'appropriation dans les prémisses mêmes de l'énonciation des projets de la modernité. Aux conclusions privilégiant une dynamique de développement normal, il oppose « la projection rétrospective d'une tradition discursive encore fort contestée avant 1840 », mettant en valeur précisément le pragmatisme des élites canadiennes-françaises dans le souci général de préservation des libertés fondamentales et de souveraineté d'un peuple « dans sa dimension territoriale, dans une incarnation civique plutôt qu'ethnique ». Cette étude nous convie, pour notre plus grand bonheur, directement au cœur de la fascinante complexité des enjeux discursifs qui ont concouru à l'émergence d'un modèle social fondamentalement ancré dans une réalité coloniale territoriale, politique et économique. Et Louis-Georges Harvey de conclure : « le discours patriote n'aurait pas...

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