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  • Miron ou la marche à l’amour. Essais
  • Nicole Côté (bio)
Miron ou la marche à l’amour. Essais, s. la dir. de Cécile Cloutier, Michel Lord et Ben-Z. Shek Montréal, l’Hexagone, 2002, 297 p.

Miron ou la marche à l'amour est un recueil d'essais tiré du premier colloque après la mort de Gaston Miron, tenu à l'Université de Toronto en 1998. Le recueil n'offre pas d'introduction, mais une courte préface, et l'on comprend pourquoi : le volume, qui fait presque trois cents pages et comprend quatre parties, s'avère plutôt difficile à résumer. Il n'est pas aisé, en effet, de tracer le portrait d'un auteur à peine deux ans après sa mort, ou d'en évaluer le legs. Mais cet ouvrage, par ses multiples approches d'un poète difficile à saisir, porte-étendard d'une génération ou deux, remporte le pari qu'il s'est fixé.

La première partie — « Miron et le langage poétique » — présente peut-être les articles les plus achevés. Le public non universitaire aurait sûrement apprécié une entrée en matière plus simple que le très complexe — quoique inspiré — article de Paul Chanel Malenfant. Des articles comme celui de Maurice Lemire, sur l'inscription de Miron dans les deux grands courants qui avaient divisé la poésie au Québec — le régionalisme et l'universalisme —, ou encore l'article de Jean Royer, sur la poésie mironienne comme point de jonction entre l'individuel et le collectif, dans la même section, auraient pu faire office d'entrée en matière, car ils offrent un contexte pour situer le poète. En effet, si « Fragments — et offrande — d'un discours amoureux » est un texte à la fois de poète et d'érudit, écrit le plus souvent dans une langue magnifique, l'article pèche parfois par excès de jargon universitaire. Cela dit, le texte me paraît d'importance en ce qu'il présente L'homme rapaillé comme un texte entièrement tendu vers « une altérité tour à tour nationale, patriotique, amoureuse ». L'article de Malenfant est d'une densité rare qui sied à la richesse inventive de la parole mironienne.

« Formes et figures du sujet lyrique », du regretté Roger Chamberland, discute la poésie en souffrance de Miron comme « l'artéfact d'une poésie orale », puisque « [l]ire n'est jamais que la forme inachevée de la construction d'une conscience qui oblitère les enjeux d'une parole originelle placée sous une double tension : éthique et poétique ». Ce serait cette double tension qui caractériserait le sujet lyrique mironien. [End Page 81]

Si la première partie de ce recueil d'essais portait sur Miron et le language poétique, la seconde, « Miron et l'oralité », porte justement sur la discussion de cette oralité présupposée de Miron. Le poète Yves Préfontaine, qui en signe le premier essai, avance que Miron s'exprime selon une « littéralité orale », en raison de l'urgence de sa mission, des propos selon moi réducteurs puisque c'est l'intégration de l'oral à la poésie pour en faire une œuvre originale et symbolique qui en fait la littérarité. Royer, dans sa seconde contribution à ce recueil, se dira étonné qu'on puisse attribuer une quelconque oralité à l'œuvre mironienne, cette poésie étant « tellement écrite qu'elle entre dans le patrimoine universel de notre siècle ». Royer offre encore une fois une précieuse contextualisation en montrant comment Miron rompt avec les poètes de l'oralité qui l'ont précédé — dont Alfred Desrochers, Jean Narrache et Gérald Godin — dans son intégration des particularités québécoises au patrimoine universel. Éva Kushner affirme que l'oral et l'écrit chez Miron étant « des vases communicants, facettes d'une même réalité », il circule dans sa poésie « un courant ininterrompu de signification : le phonologique se fait idée, l'idée se fait son ».

La troisième partie, « Miron et...

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