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  • Lire le sida: témoignages au féminin
  • Jean-Pierre Boulé
Lire le sida: témoignages au féminin. By Héléne Jaccomard . Bern, Peter Lang, 2004. 407 pp. Pb £39.70; $67.95; €56.70.

Ce livre, qu'il fallait à tout prix écrire, se penche sur les représentations du sida et des femmes dans des textes français et francophones écrits par des femmes, vingt-quatre au total dont dix sont étudiés systématiquement. Divisé en trois parties, il traite des personnes séropositives (première personne), puis des accompagnantes proches liées par des liens familiaux (deuxième personne) avant d'étudier les accompagnantes extérieures telles que les infirmières (troisième personne). Jaccomard dit restreindre son champ d'enquête aux seuls témoignages alors que certains des textes étudiés appartiennent à d'autres catégories et une nomenclature plus serrée aurait évité cet écueil. En outre, les expressions 'sida sexuel' et 'sida non sexuel' sont peu heureuses. Dans une première section, ce texte traite du corpus en général et constitue l'inventaire le plus complet que je connaisse. L'auteur domine son sujet avec aise, faisant preuve d'une érudition impressionnante. Toutefois, choisissant de ne pas situer ses textes dans l'historique de la pandémie, il est quelquefois difficile d'interpréter certaines des remarques, par exemple sur le taux de contamination des femmes hétérosexuelles, lorsqu'on ne sait pas de quelle période il s'agit. Jaccomard analyse les écrits du sida comme étant monothématiques. Les chapitres les plus fascinants sont ceux qui analysentles écrits de femmes, et notamment celui sur la 'Synthèse des témoignages de séropositives' où Jaccomard distingue femmes modernes et traditionnelles et souligne l'importance de la classe d'appartenance et du niveau d'éducation face aux réactions à la séropositivité ainsi que les témoignages de personnel médical. Agnès L'Herbier a 'une écriture qui procède véritablement d'une vocation', et Jaccomard donne envie de lire Le Baiser papillon de Colette Guedj. Le fait que les récits de femmes aient été oubliés du corpus devient un véritable leitmotiv au fil des pages. Ce livre est très riche, et un index aurait été utile pour un travail si érudit. Soutenu par un argument passionné, Lire le sida argue que l'on doit prendre au sérieux la totalité du corpus, c'est-à-dire les femmes, et pas seulement les récits de quelques écrivains masculins connus ('écrits du sida = écrits d'homosexuels occidentaux', p. 55), et en cela ce livre est une 'lecture bien faite', selon l'expression de Valéry citée en quatrième de couverture.

Jean-Pierre Boulé
Nottingham Trent University
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