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  • Aminata Sow Fall: Oralité et société dans l'oeuvre romanesque
  • Edgard Coly
Médoune Guèye . Aminata Sow Fall: Oralité et société dans l'oeuvre romanesque. Paris: l'Harmattan, 2005. 197 pp. Entretien avec la romancière. Bibliographie. Table des matières. €17,50. Papier.

L'étude de Médoune Guèye est le brillant résultat, à n'en pas douter, de plusieurs années de recherche. Avant de s'attaquer à l'exploration proprement dite de l'œuvre romanesque de Sow Fall, Guèye a bien pris soin de nous présenter la romancière, en insistant particulièrement sur ses convictions littéraires et sociales car elles vont jouer un rôle proéminent dans ses écrits. Cette étude englobe l'intégralité de l'œuvre romanesque de Sow Fall, exception faite à Douceurs du bercail (1998), c'est-à-dire cinq romans s'étalant sur une période de dix sept ans. Pour étayer son argumentation, Guèye s'appuie sur une impressionnante et diverse liste de critiques littéraires.

La structure générale de l'étude obéit à la logique des thèmes dans l'ordre duquel Guèye a voulu les explorer. C'est ainsi que l'étude s'ouvre sur Le Revenant (1976), premier roman d'Aminata Sow Fall, puis suit l'Appel des arènes (1982) qui en fait est son troisième roman. Guèye a bien vu le parallélisme de l'évolution des personnages de Mour N'Diaye dans LaGrève des Bàttu (1979) et de Madiama dans l'Ex-pèrede la nation (1987). Ce parallélisme justifiait amplement le regroupement de ces romans en un chapitre unique. Pour permettre au lecteur de saisir la portée de l'écriture [End Page 122] romanesque d'Aminata Sow Fall, Guèye nous suggère "d'analyser les conditions et conditionnements qui interagissent simultanément sur sa situation de femme écrivain pour comprendre l'influence esthétique de la tradition orale sur sa poétique romanesque" (14). Dans ce cas d'espèce, l'œuvre romanesque de Sow Fall se démarque de celle de ses consoeurs sénégalaises, Nafissatou Niang Diallo et Mariama Bâ, respectivement auteurs de De Tilène au plateau (1975) et Une si longue lettre (1979). Guèye souligne le caractère autobiographique des œuvres citées ci-dessus pour mieux les contraster avec les préoccupations de Sow Fall qui "au lieu d'accentuer la description de la condition féminine... présente une vision plus élargie en peignant la condition humaine" (18).

Ayant ainsi campé le cadre de son étude, Guèye s'atèle alors à la lecture des romans de Sow Fall sous l'angle oralité et société, explorant la fonction d'une technique narrative ancienne, dans un roman moderne. C'est ainsi que dans le chapitre sur Le Revenant, Guèye montre comment la technique narrative de ce roman épouse les contours de la tradition orale de la société wolof lors des cérémonies de mariage et de funérailles. Le Revenant se lit, ou devrait-on dire se dit, comme un conte, tant est flagrante l'absence de repère temporel et spatial précis. Le regroupement de La Grève des Bàttu et de l'Ex-père de la nation en un seul chapitre suit la logique de cette sorte d'initiation qu'ont traversée Mour N'Diaye et Madiama. Leur cheminement permet à Guèye de suggérer que la transformation radicale de la société africaine et l'abandon des idéaux des premiers jours ont souvent des effets néfastes sur l'individu. Le chapitre sur L'Appel des arènes analyse l'art narratif de Sow Fall à travers la diversité des maîtres de Nalla. La jonction des valeurs occidentales et africaines est nécessaire si l'on veut créer un Africain équilibré. Pour ce faire Guèye insiste sur la portée hautement didactique des conversations entre Nalla et ses amis adultes. Il se crée ainsi un équilibre entre l'atmosphère frelatée de la demeure familiale et la vie exaltante de l'ext...

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