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  • Françoise de Graffigny, femme de lettres: écriture et réception
  • Florence Magnot-Ogilvy
Françoise de Graffigny, femme de lettres: écriture et réception. Études présentées par Jonathan Mallinson . Oxford, Voltaire Foundation. 2004. xxiv + 420. pp. Pb £69.00; $135.00; €110.00.

Ce volume marque un renouveau des études sur Mme de Graffigny. Les problématiques de l'auctorialité et du gender s'imposent d'un bout à l'autre de ce recueil comme des axes de lecture de l'œuvre, Mme de Graffigny ayant peine à accéder austatut d'auteur ou ne pouvant l'assumer aisément ('je ne suis que la decroteuse.[…] je ne suis que ravaudeuse', pp. 5, 25). Son œuvre fictive occupe une position marginale par rapport aux frontières et à la hiérarchie des genres et des sexes (C. Seth, A. Defrance). Le rôle de Cénie notamment, dans l'évolution du drame, mérite cependant d'être réévalué, comme le montre P. Gethner, tandis que J. Sgard porte un regard nouveau sur la pièce en l'analysant en tant que phénomène de société et symptôme d'une évolution du goût. Les contributions consacrées à l'écriture intime de Graffigny ont le grand intérêt de montrer la porosité des frontières entre la correspondance et la création, entre correspondance réelle et correspondance fictive. R. Redien-Collot explore ainsi les tensions entre le pacte affectif et le pacte d'écriture et le 'vacillement de la figure de l'auteur et de son autorité' observable dans la correspondance. Est abordée ensuite la question des intertextes féminins, notamment les lettres de Mme de Sévigné (E. Showalter, A. Wolfgang), les romans de Mme de Lafayette (J. Mallinson sur Zaïde) ou les rapports avec les autres écrivains femmes (S. Van Dijk). Les échanges et les rencontres, à la fois personnels et intertextuels, de Mme de Graffigny, avec des personnalités publiques (Rousseau, Montesquieu) ne sont pas oubliés. Une sous-section du recueil aborde l'inévitable question du féminisme de Graffigny, la séduction exercée par la vierge du soleil prêtant parfois à sa créatrice un militantisme féministe que lui refuse, non sans quelque défi, R. Howells, en s'appuyant sur la fameuse Lettre 34, ajout (heureux ou malheureux? D. Smith pose fermement les termes du débat sur les choix éditoriaux) de l'édition de 1752, pour lire dans le dénouement un constat d'échec plutôt qu'une conquête d'autonomie. Une dernière section propose d'intéressantes perspectives sur les Lettres d'une Péruvienne, le roman qui permit à Mme de Graffigny d'atteindre la postérité (J. Herman revient notamment sur la matérialité fantasmée du texte, son dénouement et ses quipos). Introduit par une synthèse passionnée de J. Mallinson, rassemblant mises au point historiques, analyses textuelles et études plus techniques sur les problèmes d'édition, de bibliographie matérielle, d'illustration, complété par une bibliographie de [End Page 115] quinze pages et un index, le recueil offre un panorama complet des approches de l'œuvre de Mme de Graffigny à ce jour, ainsi qu'un raccourci des diverses façons d'aborder une œuvre du passé: chacun pourra donc y choisir la lecture qui le séduit et le convainc. De cette somme, se détache avant tout l'image vivante d'une épistolière dont ce n'est pas le moindre intérêt que d'avoir livré l'autoportrait attachant d'une femme des Lumières, confrontée aux difficultés bien réelles de sa condition et de son sexe, ayant en partie intériorisé les contraintes de son époque mais tentant d'y échapper malgré tout à travers l'écriture, la fantaisie et l'amitié.

Florence Magnot-Ogilvy
Université Paul Valéry, Montpellier III
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