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  • Searching for Presence: Yves Bonnefoy’s Writings on Art
  • Hugo Azérad
Searching for Presence: Yves Bonnefoy’s Writings on Art By Robert W. Greene . (Faux Titre, 250). Amsterdam — New York, Rodopi, 2004. 204 pp. Pb $53.00; €42.00.

'Je ne sais pas écrire si par esprit je ne m'entretiens pas avec tel ou tel interlocuteur, que j'ai écouté et voudrais convaincre.' Citée en exergue, cette phrase de Bonnefoy s'applique bien à ce livre qui sait nous convaincre, s'il est encore nécessaire, de l'importance d'Yves Bonnefoy dans la critique d'art. Greene nous fait parcourir l'ensemble de ses écrits critiques, de Peintures murales de la France gothique (1954) à Rome, 1630 (1970), de son Giacometti (1992) au récent Remarques sur le regard (2002). Comprendre la démarche critique de Bonnefoy, c'est aussi mieux comprendre la notion de Présence qui irradie tout son œuvre. Greene structure son livre à la façon d'un Bildungsroman — format approprié à la quête intellectuelle d'un poète — où l'on part de l'apprentissage de la poésie critique chez les maîtres (Baudelaire, Mallarmé) avant d'entrer chez les prédécesseurs plus modernes, tels Apollinaire et surtout Malraux. Selon Greene, Bonnefoy crée un pont entre Apollinaire et Malraux avec qui il partage une passion profonde pour Goya, vu comme l'inventeur d'un style de la modernité. Le terrain d'une poésie critique, s'il est loin d'être exclusif à la France, semble en tout cas cultivé par pratiquement tous les autres grands poètes français du vingtième siècle, et particulièrement chez Breton, Ponge et Char qui écrivent environ vingt ans avant l'arrivée de Bonnefoy à Paris. L'aphorisme de Braque 'Ne concluons pas. Le présent, le fortuit va nous libérer' (p. 61), résume bien l'attitude esthétique de Ponge, son sens de la finitude que Bonnefoy n'oubliera pas. Char, c'est l'autre pendant de la création, la 'fureur et le mystère', une alliance de la poésie avec l'énergie dégagée par la peinture surréaliste, Picasso et de Staël. Comme le dit bien Greene, si Ponge regarde l'artiste au travail, Char en partage la vision. C'est sans doute l'idée de naissance de l'image, prise à son jaillissement, à l'orée de la conscience et toujours bordée de finitude, qui nourrit la tradition de la poésie critique jusqu'à Bonnefoy. C'est enfin chez Pierre Jean Jouve que Bonnefoy s'initie à une 'traversée du désir' (p. 80). Jouve, trop délaissé par la critique actuelle, est aussi l'auteur d'études brillantes sur Delacroix, Meryon, Courbet qui inspireront Bonnefoy. Viennent ensuite de belles analyses des livres de Bonnefoy dont les sujets d'étude semblent calquer les paradoxes de ses maîtres: le gothique et le baroque (défini comme 'réalisme passionnel'), les artistes du quattrocento et Poussin, Hopper et Balthus, et enfin le grand travail sur Giacometti où prend forme la notion de Présence. [End Page 151] Greene la définit ainsi: 'full communication, a reciprocal reaching out, the ephemeral experience of mutuality between self and other […] of fleeting but genuine oneness with that world, a radiance, a plenitude, a communion within finitude' (p. 154). Un vers de Bonnefoy en préserve l'énigme: 'la plus pure présence est un sang répandu' (Douve). Cet espoir inextinguible dont Bonnefoy est le porteur lucide, Greene sait le fait comprendre de façon décisive. Enfin, la poésie critique de Bonnefoy essaime, chez Claude Esteban en particulier, et désormais partout ailleurs.

Hugo Azérad
Magdalene College, Cambridge
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