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  • L’Analyse du discours dans les études littéraires
  • Raphaël Michell
L’Analyse du discours dans les études littéraires. Sous la direction de Ruth Amossy et Dominique Maingueneau . Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2003. 488 pp. Pb €20.00.

Cet ouvrage, qui fait suite à un colloque organisé à Cerisy au mois de septembre 2002, se donne pour tâche de procéder à un état des lieux de l'analyse du discours littéraire, champ d'études dont les années 1990 ont vu l'émergence. L'enjeu, pour Ruth Amossy et Dominique Maingueneau, est d'abord de faire écho à une précédente rencontre tenue à Cerisy en 1966 et qui, en son temps, avait contribué de façon significative à la remise en cause du primat de l'histoire littéraire et à l'essor de la Nouvelle Critique. Si, à l'époque, c'était à l'aune de la linguistique [End Page 288] structurale et de ses postulats d'immanence textuelle que la critique littéraire se réformait, la situation actuelle est tout autre: il s'agit de prendre la mesure des avancées des sciences du langage contemporaines, en particulier dans leurs versants énonciatif et pragmatique. Si changement il y a, cela tient donc, selon les éditeurs du volume, à la manière dont les études littéraires mobilisent le savoir linguistique: celui-ci, après avoir servi de garant au règne du Texte et de son autonomie, permet désormais de penser la 'contextualité du sens' (p. 10). La contribution de Maingueneau, placée en ouverture, tente de fixer les principaux postulats d'une 'analyse du discours littéraire'. Il y va, selon lui, d'un refus d'accorder aux textes littéraires une quelconque 'extraterritorialité': ceux-ci doivent plutôt être envisagés dans la continuité des autres discours sociaux, dont ils se nourrissent d'ailleurs souvent. Il y va également d'un refus de cantonner les sciences du langage dans une position d'ancillarité par rapport aux études littéraires: le savoir linguistique ou discursif ne constitue ainsi pas une simple boîte à outils qui permet de valider une interprétation, mais intervient dans l'élaboration même des 'protocoles de recherche' (p. 21).

Le volume se divise en cinq sections. La première, 'Discours, société', voit notamment les contributeurs tenter de situer l'analyse du discours littéraire en regard de paradigmes voisins, parmi lesquels la sociocritique et la théorie du champ littéraire de Pierre Bourdieu. La seconde, 'Hétérogénéités discursives', inclut, outre des réflexions sur les catégories de discours rapporté et de polyphonie, des analyses interactionnelles du genre épistolaire, ainsi que des approches rhétoriques du paradeigma ou de l'allégorie. La troisième, 'La scène d'énonciation', tâche d'explorer la rentabilité des notions de scène et de scénographie, élaborées par Maingueneau, dans les œuvres de Proust, Gide, Rousseau ou Beaumarchais. La quatrième, 'Analyse de discours et style', voit les contributeurs tenter de penser les rapports complexes, voire conflictuels, qui unissent l'analyse de discours et la stylistique littéraire. L'ultime section, 'Aux frontières du littéraire', aborde, d'une part, la question de l'établissement des normes littéraires, par l'examen de manuels scolaires et de discours médiatiques contemporains portant sur la littérature. Elle s'intéresse, d'autre part, aux frontières poreuses qui séparent le discours littéraire du discours des historiens et des philosophes.

Raphaël Michell
Université de Laussane
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