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Reviewed by:
  • Françoise de Graffigny: Her Life and Works. SVEC 2004:11
  • Swann Paradis (bio)
English Showalter. Françoise de Graffigny: Her Life and Works. SVEC 2004:11. Oxford: Voltaire Foundation, 2004. xix+374pp. £69; €110; US$135. ISBN 0-7294-0847-7.

Cette première biographie scientifique de Mme de Graffigny (1695–1758) ravira sans doute les lecteurs de l'œuvre de celle qui fut pendant quelques années « the reigning queen of French literature » (335), voire « the world's most famous living writer » (xv), notamment à la suite des succès immédiats obtenus après la parution des Lettres d'une Péruvienne (1747) et le triomphe à la Comédie-Française de Cénie (1750), comédie sentimentale qui se range parmi les dix pièces les plus populaires écrites au XVIIIe siècle. On ne s'étonnera pas de retrouver, à la source de cette synthèse érudite, English Showalter, déjà conseiller littéraire de la Correspondance de Madame de Graffigny—édition savante [End Page 536] entreprise en 1985 à l'Université de Toronto sous la direction de J.A. Dainard—dont neuf volumes sur 15 sont déjà parus (1 390 lettres, écrites entre 1716 et avril 1749), et responsable du Choix de lettres—petit volume d'un peu plus de 300 extraits choisis à partir des quelque 2 500 missives connues—, paru en 2001 aux éditions The Voltaire Foundation. C'est donc en regard de ces deux ouvrages récents qu'il faudra se prononcer sur la pertinence de cette biographie qui, heureusement, ne reproduit pas simplement ce qui a naguère été rendu disponible, mais offre plutôt une intégration, une organisation et une redistribution de ces éléments qui nous permettent de reconstruire un pan important de la vie sociale et littéraire du milieu du siècle des Lumières, tout en offrant un regard intimiste sur la vie privée d'une femme de lettres hors du commun, au langage imagé et à l'orthographe singulière.

Les 19 chapitres—à la fois thématiques et chronologiques—sont précédés d'une introduction qui permet de situer d'emblée le non-spécialiste au cœur de l'univers pittoresque de Françoise d'Happoncourt, devenue Mme de Graffigny après son mariage à l'âge de 16 ans (1712). Le biographe rappelle également l'inexplicable sévérité avec laquelle la postérité l'aura pratiquement confinée à l'oubli, jusqu'à ce que la Beinecke Rare Book and Manuscript Library de l'Université Yale fasse l'acquisition des « Graffigny Papers »—regroupant tous les manuscrits et 95 pour cent des lettres connues de Mme de Graffigny—qui appartenaient jusque-là au célèbre bibliophile anglais Sir Thomas Phillipps. Il est assez connu que l'essentiel des quelque 2 500 lettres préservées, écrites surtout entre 1738 et 1758, sont adressées à un unique destinataire, François-Antoine Devaux—affectueusement surnommé Panpan—, indispensable confident de Lunéville en Lorraine, avec qui Mme de Graffigny partagea sa passion de la littérature et du théâtre, et entretiendra une profonde relation de sympathie mutuelle, souvent à raison de trois missives par semaine. L'avant-dernier chapitre montre toutefois la détérioration de cette relation particulière, notamment après que Devaux eût été nommé lecteur du roi Stanislas en 1752. Alors que Mme de Graffigny écrivait en 1742: « jamais il n'y aurat, une amitié comme la nôtre » (301), le ton change radicalement en 1753: « En vérité, il est fou de penser que l'amitié ait plus de durée que l'amour. Nous etions un exemple rare, il s'est detruit a la fin; il faut que tout finisse » (306). Showalter propose une explication séduisante de cette dégradation: si Mme de Graffigny a été forcée d'évoluer, de grandir, de travailler pour arriver à la réussite littéraire, le paresseux Devaux, de son côté, s'est en quelque sorte sclérosé et a peut-être éprouvé quelque jalousie et frustration devant l'insistance de son amie qui ne cessa de l'encourager à saisir les opportunités qui s'offraient à lui (311...

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