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The Canadian Historical Review 87.3 (2006) 524-526



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C'était du spectacle! L'histoire des artistes transsexuelles à Montréal, 19551985. Vivian Namaste. Montréal, McGill-Queen's University Press, 2005, 266 p., illus., 34,95$

Dans ce livre, Namaste s'intéresse au vécu quotidien des travestis et des transsexuelles des premières générations, en s'appuyant sur l'histoire [End Page 524] orale complétée par une recherche archivistique. Une trame commune traverse leurs expériences, a constaté l'auteure, soit leur présence dans les cabarets montréalais. Cet univers leur offrait la possibilité unique de travailler, tantôt comme artiste, tantôt comme prostituée ou les deux à la fois, tout en leur permettant de vivre en tant que femme et de valider leur identité sexuelle.

Son ouvrage se divise en cinq chapitres. Le premier décrit la participation des travestis et transsexuelles au monde du spectacle et montre leur ingéniosité pour s'adapter à la venue du « topless » puis du nu intégral. Leur capacité d'attirer un public hétérosexuel et d'inciter les clients à boire (surtout les « phoneys » où l'alcool était dilué) contribue à la rentabilité des établissements et leur procure en retour des revenus intéressants de même que reconnaissance et protection à l'intérieur d'un milieu criminalisé. Faire la rue constituait la seule autre possibilité de gagnepain. Le second chapitre explore donc les lieux et les formes de la prostitution montréalaise à cette époque. Il examine l'impact de la répression policière, en particulier lors d'Expo 67, et de l'évolution de la réglementation municipale, ce qui entraîna un déplacement de la prostitution des cabarets vers la rue.

Namaste situe l'émergence d'une identité transsexuelle vers le tournant des années 1970. À travers quelques figures célèbres telles Christine Jorgensen et Coccinelle, les médias eurent un rôle clé pour rendre concevable le désir de changer de sexe. Le troisième chapitre sur la santé décrit les obstacles auxquels étaient confrontées les transsexuelles qui entreprenaient un tel processus, qu'il s'agisse d'obtenir de l'information ou d'accéder à l'hormonothérapie, aux cliniques d'identité sexuelle, à la chirurgie esthétique ou à celle des organes sexuels. Recours au marché noir d'hormones, absence de suivi postopératoire, attitude discriminatoire de la part de certains chirurgiens, risques liés aux injections de silicone, telles sont quelques-unes des difficultés qui jalonnaient le parcours de changement de sexe. Paradoxalement, la nouveauté du phénomène comportait aussi des avantages, dont le remboursement des actes médicaux. L'adoption d'un protocole en 1984, fixant des tarifs trop bas, entraîna un déplacement des services vers le privé, les rendant moins accessibles. Namaste souligne l'importance de l'entraide entre transsexuelles ainsi que leur rôle crucial dans la sensibilisation du personnel médical.

Le chapitre suivant retrace l'ensemble des lois canadiennes et québécoises exerçant des contraintes sur les conditions de vie des transsexuelles. Jusqu'à la fin des années 1960, il était strictement interdit à un individu de sexe masculin de s'habiller en femme dans la rue. Si les premières transsexuelles ont pu modifier leurs papiers d'identité en [End Page 525] profitant du bouleversement administratif de la Révolution tranquille, la mise en place d'un encadrement légal spécifique à partir de 1977 a rendu plus difficile l'obtention d'une nouvelle identité. Namaste constate la sévérité du système judiciaire envers les travestis et les transsexuelles de même que la surveillance étroite dont faisaient l'objet celles qui se prostituaient, appréhendées plus souvent qu'à leur tour. Enfin, le dernier chapitre documente le harcèlement et l'abus de pouvoir des policiers envers les transsexuelles, allant jusqu'à les dénoncer dans leur lieu de travail même lorsque celui-ci n'avait aucun rapport avec le travestisme ou la prostitution.

Le cœ...

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