In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Candide ou l’Optimisme, and: Voltaire et sa « grande amie »: Correspondance complète de Voltaire et de Mme Bentinck (1740–1778)
  • Monique Moser-Verrey (bio)
Voltaire. Candide ou l’Optimisme, éd. Frédéric Deloffre. Paris: Gallimard, 2003. 259pp. €3. ISBN 2-07-038906-5.
Voltaire et Mme Bentinck. Voltaire et sa « grande amie »: Correspondance complète de Voltaire et de Mme Bentinck (1740–1778), éd. Frédéric Deloffre et Jacques Cormier. Oxford: Voltaire Foundation, 2003. xxiv+366pp. £14.50. ISBN 0-7294-0815-9.

Gallimard propose dans la collection « Folio classique » un nouveau Candide. Frédéric Deloffre en est l'éditeur scientifique et livre en postface le fruit d'une recherche plus amplement présentée et documentée par plusieurs articles (références 218) mais surtout par la publication de la correspondance complète de Voltaire avec Mme Bentinck dont il a également préparé l'édition en collaboration avec Jacques Cormier. Sur la couverture, un visage de jeune fille emprunté à Picasso annonce une Cunégonde « haute en couleurs ». Le sourcil levé rappelle les surprises qui attendent Candide et le regard dans le vague insinue l'existence de sentiments qui donnent à rêver.

Les paratextes qui entourent, dans cette édition, le texte si connu et étudié de Candide développent de plusieurs façons l'idée que ce conte philosophique est aussi l'histoire romancée d'une relation, voire d'une passion éprouvée par Voltaire pour la comtesse d'Empire Charlotte-Sophie Bentinck née d'Altenburg (1715–1800). On peut donc se reporter à la « Chronologie relative à Candide » (201–4) pour se donner une idée rapide de cette relation. L'avant-propos, lui, pose d'emblée la question de savoir où se cache l'auteur dans ce récit et promet des révélations tirées des secrets de l'atelier de Voltaire qui permettront de mieux comprendre la genèse de ce « petit roman » (9). Aussi, la leçon de Candide expliquée dans la préface touche rapidement les significations allégorique et cosmologique de l'œuvre pour s'arrêter davantage sur la présentation du développement de la pensée de Voltaire telle qu'elle se trouve exposée dans ses contes et plus particulièrement dans Candide où des séquelles d'événements, catastrophiques ou merveilleux, imposeront finalement au héros entre optimisme et pessimisme « un "méliorisme" tout pratique » (23) voulant que chacun plante son jardin. Cette option est bien celle de Voltaire, lui-même, qui se félicite en 1758 dans de nombreuses lettres adressées à Mme Bentinck, de son établissement aux Délices en Suisse et souhaite ardemment qu'elle suive son exemple. Il va jusqu'à louer une maison pour elle près de Lausanne.

La nouvelle interprétation, présentée au fil du texte dans plusieurs notes, est finalement expliquée en postface. La période amenant Candide y est circonscrite comme étant l'époque prussienne de Voltaire, entamée en 1736 par sa correspondance avec le futur roi Frédéric II. Ayant accédé au trône en 1740, celui-ci invite Voltaire qui en route pour Berlin rencontrera Mme Bentinck à Bückeburg en Westphalie chez le comte Albert-Wolfgang Schaumburg-Lippe, [End Page 396] cousin et amant de cette femme étonnante. Le « Prélude à Candide » (157–67) esquisse les mouvements et querelles de Voltaire en Allemagne jusqu'au moment où il quitte définitivement la Prusse et choisit de s'établir près de Genève en 1755. Le tremblement de terre de Lisbonne en novembre de cette même année, puis le début de la guerre de Sept Ans en 1756 livrent au penseur suffisamment de munitions pour questionner le système de l'optimisme en vogue parmi les philosophes. L'étude de la « Genèse de Candide » (167–97) offre ensuite beaucoup d'éléments permettant de croire que les principaux personnages de l'histoire d'amour, résistant aux aventures contées, figurent sous un mode caricatural Voltaire et Mme Bentinck, tandis que Pangloss trouverait son modèle en la personne de Johann-Heinrich Meister, un...

pdf

Share