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  • Locus in Fabula: La topique de l’espace dans les fictions françaises d’Ancien Régime
  • Anne Coudreuse (bio)
Nathalie Ferrane, éd. Locus in Fabula: La topique de l’espace dans les fictions françaises d’Ancien Régime. La République des Lettres 19. Louvain: Peeters, 2004. 716pp. €40. ISBN 9-04291-447-5.

Nathalie Ferrand a réuni dans ce volume les actes d'un colloque de la SATOR (Société d'Analyse de la Topique Romanesque) organisé à l'École Normale Supérieure à Paris en 2001. Les lieux dans la tradition romanesque, qu'ils soient fontaines, ponts, ruines, cimetières, sont aussi des programmes narratifs et des topoi qui ne pouvaient que susciter l'intérêt de la SATOR. Le livre s'organise en cinq parties. Dans les « ouvertures », Henri Lafon, auteur d'Espaces romanesques du XVIIIe siècle (1997), à qui revenait cette place inaugurale, réfléchit sur la notion de « distance ». Puis Henri Coulet analyse la topique du désert dans les romans du XVIIIe siècle. Mettant en rapport La Petite maison de Bastide et les Salons de Diderot, Jan Herman propose une « visite guidée par un séducteur », en mettant en évidence les « lieux communs » des parcours de séduction. Pour lui « la théorisation des grandes questions de l'art s'insinue dans la prose narrative et s'inscri[t] dans les récits galants » (33). Franco Moretti propose ensuite une analyse « des cartes littéraires », à l'aide de croquis.

La deuxième partie du livre intitulée « Des lieux et des genres » est nécessairement hétérogène, étant donnée la variété des lieux romanesques, et il n'est pas possible de rendre compte de toutes les communications, qui peuvent porter sur les fabliaux du Moyen Âge (Ana Paiva Morais), dont les citations auraient pu être traduites, sur les Amadis (Michel Bideaux), sur le roman au XVIIe siècle (Marta Teixera Anacleto, Camille Esmein, Sylvie Requemora). La réflexion de Jean-Pierre Dubost sur « Lieux de séduction, séduction des lieux » retiendra l'attention des dix-huitiémistes, par son analyse des Égarements du cœur et de l'esprit et d'Angola, et par la distinction qu'il propose entre « stratège impliqué » et « stratège apathique » (145). [End Page 380]

Dans la troisième partie, « Dépaysements: espaces d'Europe et d'ailleurs », Laurence Plazenet-Hau propose une analyse des représentations de l'Afrique dans le roman baroque français. On peut compléter ce panorama par la communication de Dominique Lanni sur l'« Africae extremitas » au siècle des Lumières. Edwige Keller-Rahbé s'intéresse à l'Espagne dans Dom Carlos de Saint-Réal, Marek Tomaszewski à l'exemple de la Pologne et Paul Peckmans à l'Ecosse des romancières, incitées par « le prestige des Lumières écossaises » (249), de Hume, Robertson et Ossian, à transporter dans ce pays leurs espaces romanesques. Christophe Martin propose un parcours très documenté sur la topique du harem dans la fiction romanesque, en montrant que « le sérail se signale par la mobilité des valeurs qui lui sont attribuées » (179). Annie Rivara s'intéresse aux nombreux intertextes des Contes immoraux du Prince de Ligne qui propose une « contre-topique » des lieux et une géographie « romantique ».

La quatrième partie, sous le titre « Mobilités: lieux de passage, lieux en mouvement », propose des analyses plus mono-thématiques, par exemple sur la rivière dans les récits du Moyen Âge (Elena Real). Les fenêtres sont mise en rapport par Françoise Denis avec les rebondissements romanesques. Dans une communication très stimulante et très riche, Florence Magnot étudie le topos de la rencontre en carrosse, considéré comme un « catalyseur narratif » (315) où se multiplient les aventures. Il peut aussi être le lieu de « la surprise compassionnelle » (323). Cette analyse originale montre que, derrière les stéréotypes, « l'espace du carrosse permet aux romanciers d'articuler confusément, ça et là, le désir d'une véritable rencontre avec l'autre » (327). Alexandre Duquaire propose une belle synthèse sur...

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