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Reviewed by:
  • Wires in the Wilderness: The Story of the Yukon Telegraph
  • Eric Mauras
Wires in the Wilderness: The Story of the Yukon Telegraph. Bill Miller. Surrey, Heritage House, 2004, 335 p., 19,95 $.

Binôme inséparable du chemin de fer, le télégraphe est le parent pauvre de la littérature historique canadienne. Le travail de Bill Miller sur la ligne de télégraphe du Yukon vient en partie combler ce manque. Il faut en premier lieu reconnaître que l'auteur est un passionné et que son travail est soutenu par des recherches consciencieuses. Les sources sont pertinentes (que ce soit les Archives nationales ou celle de Colombie-Britannique) et la bibliographie exhaustive. Enfin, pour ne rien gâcher, il écrit de manière plaisante.

L'ouvrage décrit la ligne de télégraphe du Yukon, de ses origines en 1899 à son abandon définitif en 1952. À travers une vingtaine de chapitres, l'auteur nous amène dans les diverses facettes de ce monde sauvage. Les trois premiers chapitres posent le contexte et le lancement de la ligne. Après avoir (brièvement) rappelé le prétexte à la construction de la ligne, c'est-à-dire la ruée vers l'or de 1897-1898 (p. 15-20), il décrit la construction de la première moitié de la ligne à l'été 1899 et la pose de 550 miles de câbles en une seule saison, dans un environnement hostile. Les quatre chapitres suivants s'intéressent au complément de la ligne et son lien avec les zones « civilisées » du sud. Les chapitres 8 à 12 s'intéressent à la vie quotidienne le long de la ligne. Nous sommes là dans le champ de la micro-histoire et Miller fait revivre pour nous le quotidien des hommes et des femmes qui ont souvent passé de longues années à travailler sur ce réseau télégraphique. Les chapitres suivants racontent la lente agonie de la ligne, ses sursauts, son abandon final et sa renaissance comme « Telegraph Trail », jusqu'à nos jours.

En réalité, l'intérêt de cet ouvrage est plutôt dans les problématiques suggérées que dans les histoires racontées. En effet, Miller nous propose ici une histoire événementielle, comme en trouve désormais rarement dans les milieux universitaires. Il ne réussit pas, à plusieurs reprises, à dépasser le stade de la narration pour passer à l'analyse, même s'il ouvre [End Page 360] de nombreuses pistes. Par exemple, lorsqu'il présente les alternatives entre une construction publique ou privée de la liaison entre Quesnel et Atlin, il effleure seulement les questions de la politique nationale (p. 89-90). Une analyse, même légère, de la ligne de télégraphe comme émanation d'un nationalisme du gouvernement Laurier, à une époque où prend place la controverse de la frontière avec l'Alaska, aurait été bienvenue. De même, les débats parlementaires sur la pertinence et la rentabilité de la ligne auraient pu être mis en relation avec l'émergence de la notion de service public au début du XXe siècle (p. 127-128). Enfin, le changement majeur de technologie entre ligne terrestre et liaison sans-fil est passé un peu rapidement (p. 201-206). Miller néglige le fait, notamment, que les deux technologies ont été mises en place par la même autorité publique. Les lignes terrestres, sous contrôle du gouvernement, via les Travaux publics, seront un handicap pour la mise en place des liaisons TSF, elles aussi sous contrôle du gouvernement, via la Défense nationale. Ne pouvant se résoudre à abandonner son investissement, le gouvernement rechignera à employer la TSF, qui n'entrera en service que progressivement durant l'entre deux guerres. Le gouvernement n'a pas pu (ou su?) innover pour changer son paradigme technique au moment opportun. Miller passe à coté de cette vision, même s'il énumère avec justesse les différentes raisons qui ont poussé le gouvernement à agir de cette manière. Il reste, que, dans cet ouvrage, la technologie est « figée » et le changement technique n...

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