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Reviewed by:
  • Les dépouilles de l'alterité, and: La voyageuse et la prisonnière: Gabrielle Roy et la question des femmes
  • Janet M. Paterson (bio)
Daniel Castillo Durante, Les dépouilles de l'alteritéMontréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 216 p., 25$
Lori Saint-Martin, La voyageuse et la prisonnière: Gabrielle Roy et la question des femmesMontréal, Boréal, coll. Les cahiers Gabrielle Roy, 2002, 392 p., 29,95$

La question de l'altérité, on le sait, est au cœur de la réflexion contemporaine ainsi qu'en témoignent les nombreux colloques, livres et articles consacrés à ce sujet. Pour Daniel Castillo Durante, il s'agit d'une réflexion fondamentale, voire essentielle dont les enjeux sont immenses: « Malgré les progrès faits dans le domaine de l'information et des technologies des communications, l'opacité à l'égard d'autrui ne fait que s'accentuer [...]. De la sphère domestique à la scène publique et internationale, un malaise de plus en plus pernicieux semble gagner l'ensemble des situations d'altérité ».

Comme le signale le titre du livre, Les dépouilles de l'altérité, il s'agit effectivement d'un malaise exprimé conceptuellement dans le mot « dépouilles » qui, pour Durante, recouvre les différentes logiques d'assimilation et de rejet sous-jacentes aux représentations d'autrui en Occident, logiques qui mettent en valeur la précarité et les pièges qui guettent la parole artistique.

Comment l'auteur aborde-t-il un sujet aussi vaste? Les axes de sa discussion sont effectivement larges et variés. Tout d'abord, il situe l'altérité très rapidement dans le contexte de plusieurs disciplines : l'épistémologie, la métaphysique, la philosophie, la phénoménologie, l'ethnologie et le postcolonialisme. Ce tour d'horizon sert moins à ancrer le concept dans une discipline particulière que d'en signaler l'immense caractère interdisciplinaire. En même temps, ce parcours annonce l'approche hétérogène de l'essai autant d'un point de vue théorique que de celui des sujets abordés: le langage (en particulier le stéréotype), l'anonyme, la sexualité, la guerre, les arts visuels et la parole littéraire.

La question du rapport de l'altérité au langage est abordée principalement par le biais d'un contexte postcolonial où le sujet colonisé se voit imposer un langage. Comme l'affirme à juste titre Durante, l'emploi du créole confine ce sujet dans la marginalisation et l'impossibilité de la mobilité sociale. C'est ainsi, pour reprendre la notion de dépouilles, que le langage, créant de nombreux stéréotypes odieux, peut faire de l'autre « une copie dégradée ».

Au premier abord, le concept de l'anonyme dans une discussion sur l'altérité peut étonner. Mais il s'agit en fait d'un concept très puissant dont [End Page 537] Durante souligne éloquemment la pertinence: « L'anonyme ne revendique aucun pouvoir. Voilà pourquoi il ne faudrait pas l'assimiler à une logique secrète ou occulte qui agirait tapie. La catégorie de l'anonyme [...] ouvre plutôt un espace alternatif d'altérité face au côté préconstruit, ankylosé et piégé d'avance de la dialectique entre le même et l'autre ». Autrement dit, la parole anonyme refuserait de parler uniquement au nom d'une ethnie, d'une race ou d'une nationalité.

Quel est le lien entre sexualité et altérité? Le critique choisit des exemples variés pour démontrer que la sexualité a partie liée avec l'altérité: les trames secrètes de l'altérité dans les portraits du Fayoum (peints du Ier au IVe siècles après Jésus-Christ) et, en sautant quelques siècles, différentes versions de Don Juan.

La discussion, dans le cinquième chapitre, du rapport entre l'altérité et la guerre nous situe de plain-pied dans l'époque contemporaine marquée par le terrorisme et le clivage identitaire. De ce point de vue, on ne peut qu'appuyer les propos de Durante lorsqu...

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