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Reviewed by:
  • Brève histoire de l'Église catholique au Québec
  • Jean-François Lozier (bio)
Lucia Ferretti , Brève histoire de l'Église catholique au QuébecMontréal, Boréal, 1999, 205 p., 14,95$

La Brève histoire de l'Église catholique au Québec de Lucia Ferretti est une admirable œuvre de synthèse qui, prenant soin d'incorporer les nouvelles perspectives en histoire socio-religieuse, se soustrait aux interprétations tendancieuses qui ont longtemps marqué ce champ d'étude. En moins de deux cent pages, l'auteure se propose de «situer l'Église du Québec dans le réseau complexe du catholicisme mondial, ainsi que dans celui des forces sociales, culturelles et politiques qui, au pays même, se sont exercées sur elle et qu'elle a cherché à influencer». Pour ce faire, elle découpe les quatre siècles du catholicisme québécois en six tranches chronologiques qui correspondent à autant de chapitres: «Une nouvelle Église» (1608-1760), «Sous le signe de la politique» (1760-1840), «L'ère Bourget» (1840-1875), «Transition» (1875-1914), «Apogée et déclin de l'Église nationale» (1914-1960), et enfin «L'Église en quête d'elle-même» (1960 à aujourd'hui).

Le premier chapitre s'ouvre sur le renouveau religieux qu'entraîne à l'échelle du monde catholique la Contre-Réforme, avant de s'attarder à [End Page 560] l'implantation de l'Église en Nouvelle-France. Ferretti examine successivement le zèle mystique des premières heures, l'échec du projet missionnaire, puis l'enracinement institutionnel et culturel du catholicisme gallican dans la société coloniale. Le deuxième chapitre s'intéresse aux bouleversements des rapports entre Églises et États que suscitent les guerres et révolutions modernes. L'auteur y présente le cheminement difficile d'un clergé qui,après la Conquête de 1760, doit négocier sa reconnaissance dans une colonie désormais britannique et protestante. Au début du XIXe siècle, les élites religieuses se «canadianisent» progressivement et prennent position contre le libéralisme naissant.

Les chapitres trois et quatre documentent en deux tranches l'irrésistible montée de l'Église dans la société québécoise entre la fin des Rébellions et le début de la Première Guerre mondiale, alors que la mutation radicale du capitalisme entraîne un bouleversement des cadres sociaux. Sous l'impulsion ultramontaine (que personnifie Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal), l'Église des Canadiens français se veut dès lors communautaire et démonstrative. Aussi, si son influence dans le reste du Canada est amoindrie par des politiques romaines qui s'apparentent à celles de l'empire britannique et du gouvernement fédéral, elle apparaît désormais au Québec comme Église nationale.

Le cinquième chapitre, qui retrace l'apogée et le déclin de l'institution, est le plus détaillé de tous. Dans les décennies qui suivent la Première Guerre mondiale, l'Église accède à une importance et une influence jusque là inégalées au sein de la société québécoise. La modernisation économique, l'urbanisation et un penchant croissant pour l'individualisme viennent pourtant à bout de l'action séculaire de l'Église; à partir des années 1950, cette dernière n'anime plus les forces les plus vives de la société civile. Dans le dernier chapitre, Ferretti se penche sur le désarroi qui succède à Vatican II et offre quelques réflexions sur les enjeux actuels de l'Église au Québec: «Entre [l'Église] et la sociétéquébécoise, conclut-elle, la période actuelle a provoqué un éloignement, mais pas vraiment une rupture».

Une solide conclusion vient récapituler les lignes de force de l'ouvrage. Le tout est complété d'un lexique et d'une bibliographie qui, quoique utiles, laissent à désirer. Afin de venir en aide aux jeunes générations peu familières avec le vocabulaire institutionnel de l'Église, le lexique définit certains mots et expressions signalés par un astérisque dans le texte : l'id...

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