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  • Correspondance. Tome VIII. 19 juillet 1746-11 octobre 1747. Lettres 1026-1216
  • Jacqueline Chammas (bio)
Mme de Graffigny , Correspondance. Tome VIII. 19 juillet 1746-11 octobre 1747. Lettres 1026-1216. Préparé par Nicole Boursier et English Showalter avec la coll. de J. A. Curtis, M.-P. Ducretet-Powell et D. W. Smith, directeur de l'édition J. A. Dainard Oxford, Voltaire Foundation, 2003, xxiv-552 p., 165$.

En 1925, l'historien Gaston Maugras écrivait: «En ne recueillant pas ses lettres et en ne les publiant pas, Panpan nous a privés d'une œuvre charmante qui aurait classé Mme de Graffigny parmi les meilleurs et les plus spirituels épistoliers du dix-huitième siècle» (Dernières années de la Cour de Lunéville). Aujourd'hui, l'omission de François «Panpan» Devaux est réparée. La publication de la correspondance de Mme de Graffigny (deux mille cinq cents lettres, quatorze volumes au total), se poursuit à un rythme soutenu. Le tome VIII regroupe les lettres 1026 à 1216, soit celles écrites entre le 19 juillet 1746 et le 11 octobre 1747.

Veuve à trente ans, Françoise d'Happoncourt d'Issembourg de Graffigny (1695-1758) est protégée par la cour ducale de Lorraine, où l'on apprécie sa vivacité d'esprit. Elle y côtoie artistes et écrivains, et se lie d'amitié avec François-Antoine Devaux, dit «Panpan», avocat et homme de lettres, plus jeune qu'elle de dix-sept ans. Ensemble ils s'adonnent à la littérature et au théâtre jusqu'en 1738, date du départ de Mme de Graffigny de Lunéville avec la dispersion de la cour. Démunie, elle suit la duchesse de Richelieu à Paris comme dame de compagnie. Moins de dix ans après son arrivée dans la capitale, elle connaît la gloire littéraire.

Dès le premier jour de son exil parisien et durant vingt années - à l'exception des quelques mois où Devaux vient lui rendre visite, d'octobre 1747 à mars 1748 - elle entreprend un échange épistolaire régulier avec son grand ami «Panpan» resté à Lunéville. C'est dans ce tome VIII que le «beau panpichon d'amour» finit par accéder aux voeux de son amie et faire enfin, dit-elle, «ce voiage que je desire plus que ma vie».

La correspondance, dans ce volume comme dans les précédents, se distingue par une régularité sans faille, à raison de deux lettres par [End Page 589] semaine, parfois trois. Devaux est son confident, son port d'attache. Dans ses lettres familières, caractérisées notamment par le tutoiement du jeune homme, Françoise de Graffigny use d'un langage libre de toute contrainte, avec un comportement adapté aux nouvelles du jour et au courrier reçu. Elle s'y révèle tour à tour tendre («Ah mon Dieu, comme tu me manque!»), affectueuse («Je t'embrasse cent mille fois de toute mon ame»), anxieuse («Encore point de lettre de toi aujourd'huy. Ma fermeté et mon courage ne tiennent pas la-contre. Je te vois bien malade, je vois mille accidens qui peuvent t'etre arrivés»), moqueuse («En vérité tu es un animal bien haissable») ou encore un brin agressive («Quand on fait le docteur et qu'on croit les autres des betes, on n'est qu'un ane, entens-tu?»). Malgré les années parisiennes, elle maintient les expressions pittoresques, les régionalismes et se permet de créer des néologismes à l'occasion. L'ensemble fascine par la quantité de surnoms qui ne cessent d'augmenter et avec lesquels il faut jongler, destinés à tromper la censure et le lecteur indésirable.

Ce tome VIII est dominé par les efforts désespérés de Mme de Graffigny pour améliorer sa situation financière, mais aussi sa santé affaiblie. Il est ponctué, d'une part, par l'installation chez elle de sa «nièce» âgée de vingtquatre ans, Anne-Catherine de Ligniville - future Madame Helvétius - qui apporte une note agréable à la monotonie de la vie quotidienne, et d'autre part, par l'accident survenu à son locataire et ami...

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