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  • Creazione dell’io e scrittura del mondo in Chateaubriand
  • Alain Guyot
L’instinct voyageur.” Creazione dell’io e scrittura del mondo in Chateaubriand, a cura di MartellucciFilippo, Padova: Unipress (“Biblioteca francese,” n. 10), 2001. 272 pp.

Tout avait été dit, semblait-il, sur Chateaubriand et le voyage, depuis la récente et brillante thèse de Philippe Antoine ( Les Récits de voyage de Chateaubriand,Champion, 1997) et les différentes initiatives consacrées à ce thème au cours de l'année du bicentenaire (voir entre autres le colloque "Chateaubriand écrivain et voyageur" publié dans le Bulletin de la société Chateaubriandn. 41 en 1999). Filippo Martellucci nous montre qu'il n'en est rien avec ce passionnant ouvrage collectif, qui se situe dans la continuité du colloque de Pise consacré en 1997 aux Mémoires d'outre-tombe—ne serait-ce que par les contributeurs, tous éminents chateaubriandistes, que l'on retrouve d'un ouvrage à l'autre.

Ivanna Rosi l'indique en effet nettement dans la préface: les périples de Chateaubriand et leurs récits ne sont pas tout, il existe bel et bien une véritable thématique du voyage—on pourrait même parler d'une énergie—dont la dialectique, entre pulsion destructrice et instinct de renouveau, parcourt toute l'œuvre, qu'elle s'affiche comme mobile, motif ou métaphore. A cet égard, l'un des intérêts majeurs du volume est de souligner comment le voyage participe intimement de la profonde cohérence de cette œuvre aux facettes génériques pourtant [End Page 141]multiples, et qu'en dépit de sa diversité même, Jean-Pierre Richard considérait déjà "presque […] comme un seul livre se recommençant toujours." A commencer par la fiction narrative: Elena Del Panta montre bien comment la figure de René, voyageur immobile et méditatif, représente une clé de lecture infiniment plus riche que le récit de vo–yage pour comprendre le sens du périple de Chateaubriand en Italie, dans lequel la découverte d'un lieu rêvé cède bien vite le pas à une méditation sur les gouffres intérieurs du moi.Dans un sens voisin, Arnaud Tripet revient sur l'écriture, les formes et les thèmes de ce Vo–yage en Italie,dans lequel le projet des Mémoires,alors en gestation, contribue au renouvellement d'un genre que l'on pensait usé par des décennies de tradition.

C'est d'ailleurs un des grands mérites du recueil que de dépasser l'aspect référentiel des récits de voyage de Chateaubriand, pour les analyser comme une sorte de dispositif mythographique. Hans Peter Lund propose ainsi une lecture apologétique de l' Itinéraire: les tombeaux de la Grèce sont le simple témoignage d'une civilisation disparue "sans laisser de trace," quand ceux de la Terre Sainte transmettent le message de la résurrection, seul à même de régénérer le monde et de dépasser la barbarie. Patrizio Tucci nous montre pour sa part un Chateaubriand en "homme de mer," mais cette posture du voyageur sur le pont du navire ne serait qu'un moyen, éminemment rhétorique, de transfigurer le réel pour mieux lui donner un sens. Pour Filippo Martellucci, la plupart des voyages de Chateaubriand, à la motivation mal assignée, peuvent se lire à la lumière du motif de l'errance, qu'elle soit assumée, comme dans le Voyage en Amérique,ou imposée, dans les ultimes voyages de la quatrième partie des Mémoires, où l'écriture devient la seule ancre possible. Même les Indiens rencontrés pendant le voyage en Amérique changent de nature entre l' Essaiet le Génie,comme le montre Piero Toffano: perdant progressivement leur statut de parias, avec lequel le Chateaubriand révolté de l'exil en Angleterre se sentait solidaire, ils se retrouvent cantonnés à une sorte d'enfance de l'humanité à partir du moment où il réintègre la société. Il n'est pas jusqu'au voyage imaginaire qui ne soit là pour d...

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